Sept portiers-chasseurs de l'hôtel InterContinental, dans le Vieux-Montréal, viennent d'être congédiés pour «manque d'intégrité», a appris La Presse. La direction leur reproche d'avoir contrevenu aux règles internes de l'établissement en offrant un service de stationnement devant l'hôtel pour se faire des pourboires.

Cette affaire survient alors que six portiers de l'hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth, au centre-ville, ont été arrêtés la semaine dernière pour une affaire d'extorsion envers les chauffeurs de taxi.

Les sept employés de l'InterContinental ont été congédiés à la fin du mois d'octobre au terme d'une enquête interne, a confirmé hier le directeur général de l'établissement, Bernard Chênevert. La direction a notamment amassé des preuves vidéo.

«Il y avait un problème d'intégrité envers l'employeur, a dit M. Chênevert. Aucune entreprise ne peut accepter que des employés travaillent à contresens.» Il n'a pas voulu divulguer d'autres détails sur l'affaire sous prétexte que le dossier est présentement en arbitrage.

Le syndicat des employés de l'hôtel a effectivement déposé un grief contre l'employeur pour contester ces congédiements, qu'il qualifie d'«abusifs».

Selon le représentant syndical de l'hôtel, François Beaudoin, la direction reproche aux portiers-chasseurs (les employés qui transportent les bagages) d'avoir contrevenu aux procédures et aux politiques de stationnement de l'hôtel.

Les employés congédiés auraient offert aux clients un service de stationnement temporaire devant la porte de l'hôtel, rue Saint-Antoine Ouest. Les clients qui s'en prévalaient n'avaient donc pas à payer une place dans le stationnement intérieur de l'établissement. Ils offraient toutefois un pourboire aux portiers.

Le syndicat plaide que les règlements n'étaient pas clairs. Selon François Beaudoin, les portiers-chasseurs offraient le service de stationnement depuis une vingtaine d'années et personne ne s'en était plaint. «Au contraire, les clients VIP étaient contents que le portier garde leur véhicule en avant de l'hôtel, a-t-il dit. Il y avait beaucoup moins de risque de bris.»

Au Reine Elizabeth

Le 15 novembre, la police de Montréal a arrêté six portiers de l'hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth. On leur reproche d'avoir exigé des commissions variant de 5$ à 30$ aux chauffeurs de taxi travaillant devant l'établissement. En cas de refus, les portiers menaçaient de diriger les clients vers un autre chauffeur.

Cette pratique était loin d'être nouvelle au Reine Elizabeth, selon un ancien portier de l'hôtel rencontré hier par La Presse. Cet homme, qui a requis l'anonymat, affirme avoir été portier à l'hôtel de 1991 à 2004.

Au début des années 90, a-t-il expliqué, les chasseurs faisaient sortir les clients par la porte arrière de l'hôtel pour qu'ils montent avec «leurs» chauffeurs. «J'en avais parlé à la direction et ça avait cessé», a dit l'ancien portier.

Selon lui, il faut éviter de jeter tout le blâme sur les portiers. Lorsqu'il travaillait devant l'hôtel, plusieurs chauffeurs de taxi lui remettaient spontanément quelques dollars.