Ce fut tout un dilemme pour le clergé catholique dans le passé: faut-il accepter ou refuser de tenir des funérailles religieuses pour un criminel notoire?

Les obsèques de Nicolo Rizzuto, parrain présumé de la mafia montréalaise, ont été célébrées lundi en l'église Notre-Dame-de-la-Défense, dans la Petite-Italie, à Montréal.

Mais l'Église a déjà refusé dans le passé une telle cérémonie à des caïds notoires. Un professeur de sciences religieuses croit qu'en vertu du droit canon - qui encadre toute l'action de l'Église catholique -, Nicolo Rizzuto aurait pu subir le même sort.

Le professeur Daniel Cere, de l'Université McGill, explique que le code de conduite des prêtres catholiques prévoit que les «pécheurs manifestes» n'ont pas droit à des funérailles religieuses si elles risquent de créer un scandale chez les fidèles.

Dans le passé, l'Église a déjà pris la décision de ne pas offrir d'obsèques à d'autres chefs de clans criminels, dont John Gotti et Paul Castellano, deux mafiosi qui ont fait fortune aux États-Unis.

Nicolo Rizzuto a été reconnu coupable de plusieurs crimes, dont celui de gangstérisme, et son organisation est soupçonnée d'avoir exécuté plusieurs rivaux au cours des ans. Mais Rizzuto n'a jamais été lui-même condamné pour meurtre.

Daniel Cere estime que l'Église a souvent une interprétation large du droit canon en ce qui a trait aux obsèques, sauf lorsque le défunt a officiellement répudié de son vivant sa foi catholique. Selon lui, l'Église veut ainsi éviter de déclencher les débats sur le droit aux obsèques religieuses.

La décision finale revient à l'évêque local, selon M. Cere.