Chose promise, chose due. Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, a présenté hier un plan qui rapportera 6 millions à l'arrondissement en revenus de stationnement. Ce plan avant-gardiste prévoit notamment l'installation de parcomètres supplémentaires et l'allongement des périodes de stationnement payant sur le boulevard Saint-Laurent.

Devant les journalistes, le maire Luc Ferrandez, accompagné du chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a risqué une blague au début de sa conférence de presse. «Ça va être notre fête demain», a plaisanté celui qui, en moins d'un an, a accouché de deux mesures controversées sur la circulation et le bruit dans le Plateau.

Des places plus nombreuses et plus chères

Ainsi, 600 places de stationnement vont devenir payantes. Le tarif horaire des parcomètres sera uniformisé à 3$ l'heure. Seule l'avenue du Parc bénéficiera d'un sursis jusqu'à la fin des travaux de réfection dont elle fait l'objet. Le boulevard Saint-Laurent, entre les rues Sherbrooke et Roy, verra, lui, la période payante allongée jusqu'à 1 h du matin.

Le Plateau inaugurera deux projets pilotes de «parcojours» près de l'École des métiers de la construction et dans le quartier Milton Parc. «L'idée, c'est qu'on retire toutes les places de stationnement et les vignettes: tout le monde peut se garer, mais cela a un coût», a expliqué M. Ferrandez. Le tarif variera selon qu'on est résidant ou non.

«Le but, c'est de décourager l'usage de la voiture», dit le maire. Les personnes particulièrement visées sont celles qui se rendent au travail sur le Plateau en voiture. Grâce aux «parcojours», les résidants trouveront plus de place pour se garer, tout comme les visiteurs occasionnels. «On leur simplifie la vie, en fin de compte», a conclu M. Ferrandez.

Le passage des tarifs à 3$ l'heure rapportera plus de 3,6 millions de recettes supplémentaires nettes, et les nouveaux parcomètres, 2,3 millions. Les retombées des «parcojours» sont encore inconnues.

Des réactions contrastées

Les sociétés de développement commercial (SDC) des trois artères principales du Plateau ont bien accueilli le plan de stationnement. Le maire a promis de leur verser 30% des revenus issus du nouveau tarif des parcomètres.

«L'arrondissement fait un pari risqué, mais le jeu en vaut la chandelle», estime Michel Despatie, directeur de la SDC de l'avenue du Mont-Royal. L'arrondissement pourra, grâce à ces revenus, investir dans des projets structurants. «On ne peut pas laisser les DIX30 de ce monde nous concurrencer. Investir dans nos artères, c'est une bonne nouvelle.»

Les commerçants gardent toutefois quelques doléances, notamment sur l'allongement de la période payante près des bars de la Main, une mesure qu'ignorait hier encore le directeur de la SDC du boulevard Saint-Laurent. «Ça, c'est quelque chose de dernière minute. Il va falloir que le maire fasse attention, ça va faire fuir les gens», croit M. Despatie.

Le cabinet du maire Gérald Tremblay a qualifié hier l'annonce de M. Ferrandez de «prématurée». La ville centre n'a pas encore adopté le budget qui prévoit le transfert de la gestion des parcomètres aux arrondissements. «Ce n'est pas officiel, mais tous les arrondissements ont inséré cette mesure dans leur budget puisqu'ils le présentent avant celui de la ville centre», rétorque-t-on du côté de M. Ferrandez.

Sur le Plateau, un arrondissement acquis en 2009 à Projet Montréal, on va vite en besogne. «Oui, on va vite. Projet Montréal a une obligation de résultat sur le Plateau et on veut avoir le temps de donner à nos résidants le fruit de ces mesures», dit Richard Bergeron.