L'Unique assurances générales, qui fait déjà l'objet de poursuites civiles et d'au moins une plainte à la GRC dans le cadre d'un projet de réfection du parlement fédéral, n'est pas au bout de ses peines. La Presse a appris que deux entrepreneurs songent aussi à la poursuivre pour des travaux impayés, cette fois à l'hôtel de ville de Montréal.

L'entreprise de maçonnerie Restaurex et l'entreprise Toitures Trois Étoiles affirment que la compagnie d'assurances leur doit des centaines de milliers de dollars pour des travaux réalisés à l'hôtel de ville de Montréal depuis l'automne 2009. Après avoir tenté pendant plusieurs mois de régler le dossier à l'amiable, ils songent maintenant à intenter un recours judiciaire.

«On sent vraiment qu'ils ne veulent pas nous payer», a dénoncé le propriétaire de Restaurex, Christian Bourassa.

L'Unique assurances générales était la caution de LM Sauvé, qui avait remporté les deux contrats avant de faire faillite au printemps 2009. Depuis, L'Unique est responsable des travaux de ces deux chantiers, qui totalisent plusieurs millions de dollars. Mais les plaintes à son égard s'accumulent.

La semaine dernière, La Presse Canadienne a rapporté que trois entreprises avaient déjà entrepris des démarches judiciaires pour recouvrer des sommes impayées par L'Unique assurances générales.

Puis, lors d'une conférence de presse, hier, le président d'une quatrième firme, RJW Stonemasons, a accusé L'Unique d'avoir participé à une machination pour l'écarter du chantier d'Ottawa, pour son bénéfice et celui d'autres entreprises.

Après avoir cessé de travailler, il y a une dizaine de jours, Bobby Watt a porté plainte à la GRC pour ce qu'il a décrit hier comme un stratagème «digne d'un roman de Ken Follet». Il affirme que L'Unique lui doit environ 500 000 $ et qu'il pourrait tout perdre si elle ne le paie pas.

Selon M. Watt, la manoeuvre dont il a été victime consistait à ne pas le payer pendant plusieurs mois, dans le but de l'acculer à la faillite. La compagnie d'assurances aurait ainsi récupéré un demi-million de dollars en plus de faire entrer un sous-traitant de son choix dans le projet: les maçons de Montréal Atwill-Morin.

«Il y a un pattern, de toute évidence», a lancé le président de RJW. Il a pris pour exemple le cas de l'hôtel de ville de Montréal, où Atwill-Morin est là aussi venue prêter main-forte à L'Unique assurances générales, après que Restaurex eût quitté le chantier.

Mais Christian Bourassa, de Restaurex, n'a pas voulu aller aussi loin. «Non, je ne pense pas, a-t-il dit. Nous, ce qu'on veut, c'est récupérer l'argent qui nous est dû.»

L'Unique s'est défendue hier en disant qu'elle ne devait rien à Toitures Trois Étoiles. «En ce qui concerne Restaurex, en raison de certaines déficiences, il y a certaines retenues actuellement, mais c'est en discussion, a expliqué la porte-parole, Audrey Bouchard. «Ça avance quand même très bien», a-t-elle ajouté. Quant à RJW, les sommes impayées ne s'élèvent qu'à 200 000 $, a-t-elle précisé. En raison du possible litige, elle n'a pas voulu dire ce que L'Unique reproche à l'entreprise de Bobby Watt.

Ces accusations ajoutent un chapitre au feuilleton des travaux de réfection réalisés à l'édifice Ouest du parlement fédéral. Il y a quelques semaines, une enquête de Radio-Canada et du Globe and Mail avait révélé que la GRC menait une enquête sur le processus d'attribution du contrat d'une dizaine de millions de dollars à LM Sauvé. Des allégations de lobbyisme illégal à l'égard d'un militant conservateur de longue date ont notamment été avancées.