Près de 200 personnes se sont réunies samedi après-midi au centre-ville de Montréal pour protester contre la violence policière. Se voulant un rassemblement familial, la manifestation, qui réunissait les membres des familles de six personnes tuées par des policiers, s'est déroulée dans le calme.

«Nous voulons que justice soit faite, pour toute les familles», a déclaré Lilian Villanueva, la mère du jeune Fredy, tué à Montréal-Nord en août 2008. Refusant de commenter l'enquête publique qui est en cours sur la mort de son fils, Lilian Villanueva, s'est contentée de répéter que, selon elle, le SPVM cache certains faits. «La police cache des choses, a-t-elle dénoncée. Elle cache la vérité.» «Ce n'est pas un chien qui est mort, c'est un humain!», a ajouté Fabiola, la cousine de Fredy Villanueva.

Brandissant des affiches montrant les photos de personnes tuées par les policiers, les manifestants ont débuté leur marche au coin de la rue Guy et du boulevard de Maisonneuve en scandant : «La police assassine, la justice pour les victimes». Au son d'une fanfare, ils se sont dirigés vers le bureau du premier ministre, Jean Charest, rue Sherbrooke, pour terminer leur route devant le quartier général du SPVM, situé sur la rue Saint-Urbain.

Des membres de la famille et amis de Fredy Villanueva, Quilem Registre, Mohamed Anas Bennis, Claudio Castagnetta, Ben Matson et Gladys Tolley étaient présents. Ils ont réclamé la fin de la brutalité policière, de l'impunité des policiers, du profilage racial et de l'utilisation du pistolet électrique ainsi que la tenue d'enquêtes indépendantes pour les cas de violence policière. «Plusieurs familles ont le sentiment que les enquêtes ne sont pas faites correctement, a souligné Bridget Tolley, la fille de Gladys Tolley, une autochtone de 61 ans happée mortellement par une voiture de la Sûreté du Québec en 2001, dans la réserve de Kitigan Zibi, près de Maniwaki. Il y a conflit d'intérêts. Les policiers ne devraient pas enquêter sur eux-mêmes.»

«Les policiers et les citoyens doivent être traités sur un pied d'égalité face à la loi, a réclamé Mohamed Bennis, dont le fils Mohamed Anas est mort sous les balles d'un policier en décembre 2005, dans le quartier Côte-des-Neiges. Ce n'est pas des enquêtes publiques que ça prend, ce sont des enquêtes criminelles.»

Quelques personnes arrêtées lors des manifestations tenues en marge du sommet du G20 à Toronto sont également venues donner leur appui aux familles des victimes. «Nous avons été arrêtés, détenus, frappés, menottés et privés d'eau, a raconté Amélie Châteauneuf. Aujourd'hui, nous avons peur des policiers. C'est inacceptable que des gens soient tués et "tasés" à mort par des policiers en toute impunité.»

Vendredi soir, les familles des victimes se sont réunies devant les bureaux de la Fraternité des policiers et policières de Montréal pour une vigile silencieuse à la mémoire de leurs proches. Tenu en même temps que le National Day of Protest Against Police Brutality, aux États-Unis, ce rassemblement se répétera tous les 22 octobre, espèrent ses organisateurs.