Pour une deuxième fois en un mois, la Fraternité des policiers et policières de Montréal lance une offensive pour dénoncer le sous-financement du Service de police de la Ville de Montréal. Par le biais de publicités diffusées dans les quotidiens de la métropole, le syndicat veut informer les citoyens des impacts des compressions budgétaires imposées par la Ville de Montréal au cours des dernières années.

«Quand un citoyen compose le 911, il veut un suivi rapide de son problème. Quand une citoyenne en détresse appelle la police, les statistiques générales sur le temps de réponse lui importent peu. La sécurité publique n'est pas une statistique», martèle la publicité.

Le président de la Fraternité, Yves Francoeur, s'inquiète de l'annonce faite la semaine dernière de coupures supplémentaires dans le budget de la Ville par l'administration du maire Gérald Tremblay. Des coupures qui, selon M. Francoeur, auront forcément un impact sur les services aux citoyens. «Non seulement il ne peut pas couper au SPVM, mais il faut aussi qu'il réinvestisse dans le Service de police pour assurer des services adéquats à tout le monde», affirme-t-il. Le président ajoute que la complexification du fardeau de la preuve et la tenue de méga-procès exercent une pression de plus en plus grande sur l'effectif policier.

Selon M. Francoeur, le manque d'effectifs empêche les policiers de répondre adéquatement aux appels d'urgence des citoyens. «Dans certains quartiers de la ville, on réduit les heures de patrouille, faute d'argent, dénonce-t-il. Au poste de quartier 39, qui dessert 75 000 personnes dans Montréal-Nord, le nombre de patrouilles est passé de quatre à trois il y a environ un mois pour éviter de payer du temps supplémentaire. C'est insuffisant. D'autant plus que Montréal-Nord est l'un des quartiers qui présente le taux de criminalité le plus élevé.»

Le cas d'un homme battu à coups de barre de fer dans une cour d'école, le 22 août dernier, sans qu'aucun policier ne se présente immédiatement sur les lieux indigne également le président de la Fraternité. «Les policiers sont arrivés deux heures plus tard parce qu'il n'y avait pas de véhicules disponibles aux alentours. Il n'y avait plus de témoins. C'est le citoyen qui s'est présenté au poste de police à sa sortie de l'hôpital.»

Lors de son entrée en poste en septembre denier, le directeur du SPVM, Marc Parent, a annoncé qu'avant de réclamer de l'argent supplémentaire aux élus, il évaluerait le déploiement actuel des ressources. Selon Yves Francoeur, qui a depuis rencontré le directeur pour discuter du sous-financement, ce dernier plancherait plutôt sur une réorganisation du travail qui entraînerait l'abolition de postes de direction. Une réorganisation qui permettrait de récupérer un nombre insuffisant de policiers aux yeux de la Fraternité. «Nous avons besoin de plus de personnel et de plus de ressources, insiste Yves Francoeur. Quand tu traites un dossier quatre, cinq ou six mois plus tard, la preuve est plus difficile à faire. Et ça a un impact sur le taux de résolution des crimes.»