Imaginez une gigantesque porte de garage, actionnée par l'énergie la plus simple qui soit: de l'air comprimé, qui s'accumule tranquillement dans des bonbonnes pendant la journée. On presse un bouton et tout se déclenche. Que de la «mécanique rudimentaire», aucun ordinateur, pas de capteurs complexes.

Tel est, essentiellement, le concept de «toiture rétractable autoportante» qu'ont présenté hier la firme Dessau et l'inventeur François Delaney pour le Stade olympique. Dans un local du parc industriel de L'Assomption, les journalistes ont pu prendre connaissance des détails techniques de ce concept apparemment révolutionnaire, jamais utilisé sur une structure de cette envergure, qui permettrait aux spectateurs du Stade de revoir le ciel.

«C'est un jeu de domino très simple et sans possibilité de défaillance, assure Frédéric Sauriol, ingénieur et vice-président au développement national de Dessau. Ce scénario, on le met sur la place publique. L'option mérite d'être débattue et appréciée par la population.»

Maquette à l'appui, les concepteurs ont démontré hier comment on peut utiliser l'air pour déplacer un toit d'acier attaché par huit câbles au mât du Stade. Les deux moitiés se séparent, glissent sur des rails et libèrent complètement l'anneau, uniquement par la poussée silencieuse de l'air comprimé. L'utilisation de l'air, plutôt que de puissants moteurs électriques comme au Skydome de Toronto, permettrait de diminuer de moitié les coûts liés à la consommation d'électricité. Plus besoin non plus d'installer et d'entretenir des équipements électromécaniques de haute capacité.

Tout repose sur six gigantesques pattes ajoutées à la structure actuelle, un système complètement indépendant qui n'ajoute aucun poids à la partie supérieure du Stade. Les câbles sont gérés par un système de poulies «qui aurait pu être mis en marche au temps de l'Antiquité», précise M. Sauriol.

Luxe suprême, on peut même n'ouvrir qu'une moitié du toit pour, par exemple, éviter que le soleil n'éblouisse les joueurs sur le terrain.

Ce concept a été présenté à la Régie des installations olympiques pendant l'été par Dessau et son partenaire ontarien, EllisDon. Les deux firmes ont pris soin de déposer un projet conforme à la demande de la RIO - qui prévoit notamment un toit fixe - et ont ajouté en annexe l'option d'une toiture rétractable. À la fin du mois d'août, la RIO a annoncé qu'elle analysait deux dossiers de candidatures, dont celui de Dessau-EllisDon, et rendrait sa décision «dans quelques semaines», a précisé hier la porte-parole Sylvie Bastien. Si l'une des candidatures était jugée acceptable, la RIO pourrait être obligée de refaire l'appel d'offres qui s'était conclu en 2005 par l'attribution d'un contrat de 300 millions à SNC-Lavalin.

Compte tenu des exigences actuelles de la RIO, il est tout à fait improbable que le concept de toit rétractable soit retenu. C'est même techniquement impossible puisque l'avis d'intention publié cet été était clair sur la nature du toit retenu. «Ce n'est même pas une question dans le processus actuel, on n'est pas là-dedans actuellement, a expliqué Mme Bastien. Le toit est fixe depuis 1991, on a décidé depuis 1993 que le toit devait être fixe; dans l'avis d'intention, on a demandé un toit fixe.»

Il faudrait mettre en branle un nouveau processus complet - un appel d'offres avec exigences techniques modifiées - pour que le toit rétractable ait une chance d'être retenu, dit la porte-parole. Cet obstacle majeur, les responsables de Dessau le renvoient dans l'arène politique. «On porte à l'attention du gouvernement une idée réaliste, une proposition qui est avantageusement comparable à ce que la RIO avait prévu à son budget, assure Frédéric Sauriol. Le débat n'a pas eu lieu parce que, il y a deux ans, il n'y avait pas de solution. Là, il y en a une.»