La Ville de Montréal verse 152 000$ au policier Giovanni Stante, impliqué il y a 11 ans dans l'arrestation qui a mené à la mort de Jean-Pierre Lizotte. Elle rembourse ainsi le salaire dont il a été privé pendant sa suspension de deux ans, quelques mois après qu'un tribunal eut cassé un blâme du Comité de la déontologie policière à son endroit.

Le 5 septembre 1999, une bagarre éclate entre les employés d'un restaurant de du boulevard Saint-Laurent, et Jean-Pierre Lizotte, un sans-abri qui se masturbait devant les clients. Giovanni Stante et son collègue Sylvain Fouquette sont appelés sur les lieux.

Les agents mettent fin à l'altercation, mais M. Lizotte décide de revenir vers les terrasses bondées. Interpellé par les policiers, le sans-abri s'agite et leur donne des coups de pied. L'agent Stante réplique par des coups de poing et, au terme de l'intervention, Lizotte se retrouve paralysé. Il meurt d'une pneumonie 41 jours plus tard.

En avril 2000, l'agent Stante et le portier du Shed Café, Steve Deschâtelets, sont accusés d'homicide involontaire, de voies de fait graves et d'avoir causé des lésions corporelles à Lizotte.

Le directeur de la police de la Communauté urbaine de Montréal à l'époque, Michel Sarrazin, avait été tenu dans l'ignorance de ces événements par son propre état-major pendant plusieurs semaines. Lorsqu'il apprend la mise en accusation de Stante, il le suspend sans traitement sur-le-champ.

L'agent reste suspendu pendant toute la durée de son procès. Il est finalement acquitté le 1er août 2002.

Force raisonnable

La Commission de déontologie policière mène ensuite sa propre enquête sur l'affaire Lizotte. En 2008, l'organisme blâme les agents pour avoir fait preuve de négligence et d'insouciance en n'arrêtant pas le sans-abri dès leur arrivée sur les lieux. Mais dans la même décision, il conclut que la force qu'ils ont utilisée était raisonnable.

Devant le verdict de la Commission, le Service de police de la Ville de Montréal leur impose une suspension de 25 jours en février 2009. Les policiers font appel à la Cour du Québec, qui cassera finalement la décision du tribunal en mars 2010.

Puisque l'agent Stante a été blanchi sur toute la ligne, il a progressivement réintégré la force policière, où il travaille toujours. La Ville de Montréal a donc décidé la semaine dernière de lui rembourser le salaire dont il a été privé pendant sa suspension administrative de plus de deux ans.

«Comme l'individu avait été suspendu sans solde et réintégré graduellement, il lui manquait deux années de salaire, explique le directeur des relations professionnelles à la Ville de Montréal, Jean-Yves Hinse. Il a donc été décidé de payer le manque à gagner que la personne a perdu pendant sa suspension.»

La Fraternité des policiers de Montréal, qui avait déposé un grief au nom de l'agent, a préféré ne pas commenter la décision de la Ville.