Le feuilleton aura duré près de 15 ans, mais la Ville semble enfin sur le point de redonner vie à deux bâtiments désaffectés situés en plein coeur du Vieux-Montréal. Les élus se prononceront bientôt sur une entente de 2,1 millions pour évincer leur propriétaire.

Situé en plein coeur du quartier touristique, à deux pas de la basilique Notre-Dame, le bâtiment du 22-26, rue Notre-Dame Ouest détonne dans le paysage urbain. La façade de pierre est recouverte d'une toile. Une clôture de métal empêche quiconque d'y pénétrer. En regardant vers le haut, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de toiture.

L'immeuble contigu, qui donne sur la rue de Brésoles, semble en meilleur état au premier regard. Mais sa porte placardée et les pièces vides ne laissent aucun doute sur l'abandon des lieux.

La Ville de Montréal a vent dès 1996 de la dégradation de ces deux bâtiments de pierre, qui appartiennent à l'homme d'affaires Harold Rosen.

Des démarches d'expropriation débutent en octobre 2001, sous l'administration de Pierre Bourque. Quelques mois plus tard, le propriétaire soumet un projet de restauration et entame des travaux. La Ville renonce à l'exproprier en 2004.

«La Ville s'est désistée des démarches d'expropriation parce qu'on considérait que le propriétaire était de bonne foi, indique le porte-parole de la Ville, François Goneau. Il avait d'ailleurs entamé des travaux.»

Mais voilà, la propriété est difficile à mettre en valeur. La façade avant donne sur la rue Notre-Dame, et doit être à vocation commerciale. La façade arrière, rue de Brésoles, se trouve dans une rue résidentielle. Harold Rosen a du mal à mener à terme ce projet mixte. En 2006, il indique au Devoir qu'il éprouve des problèmes de financement.

Le propriétaire abandonne les travaux après avoir démoli la charpente. À ce jour, il n'en reste qu'une façade de pierre donnant sur la rue Notre-Dame. La détérioration s'accélère. À un certain moment, le Service des incendies de Montréal doit intervenir pour sécuriser la structure.

Ulcérés, les résidants du secteur signent une pétition pour dénoncer l'abandon du bâtiment. Les démarches d'expropriation reprennent en mars 2008. La Ville offre 1,3 million pour acquérir la propriété. L'homme d'affaires réclame 5 millions.

En mars dernier, les deux parties s'entendent finalement sur une somme de 2,1 millions. Le pacte sera soumis au conseil municipal la semaine prochaine. S'il est avalisé, la Ville pourra mettre les terrains en vente. «On compte sur le privé pour revitaliser cet espace.»

Il n'a pas été possible de joindre le propriétaire Harold Rosen, hier, puisqu'il était à l'extérieur de la Ville.