Comme l'affirme la police de Montréal, il est possible que l'étude du criminologue Mathieu Charest comporte des limites sur le plan méthodologique, selon Marc Ouimet, professeur à l'École de criminologie de Université de Montréal.

Pour justifier sa décision de ne pas autoriser la diffusion d'un rapport interne sur le profilage racial, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) soutient que l'étude comporte d'importants «biais méthodologiques».

La police souligne que l'auteur s'est basé sur le recensement pour établir ses statistiques. Or, selon le SPVM, il faut plutôt se baser sur la population susceptible de se faire interpeller pour en arriver à un résultat fiable.

Le chercheur devrait donc établir la proportion de Noirs et de Blancs qui fréquentent un parc. Ensuite, il pourrait comparer cette proportion avec le nombre d'interpellations. Ce travail de recherche est toutefois long et complexe.

«Pour des raisons socio-économiques, on peut présumer que les Noirs utilisent d'avantage l'espace public, explique le criminologue Marc Ouimet. Ils se mettent donc plus souvent en situation d'interpellations.»

M.Ouimet ne peut se prononcer davantage sur le rapport, puisqu'il n'a jamais eu la chance de le consulter. C'est justement ce qu'il déplore.

«Généralement, les chercheurs soumettent leur étude à la communauté scientifique pour trouver ses limites, souligne M.Ouimet. C'est par l'entremise de ce processus que la vérité sort. La police peut bien dire qu'il y a des problèmes avec l'étude, mais on dirait bien que c'est elle qui l'a empêché de suivre son parcours scientifique normal. Si le SPVM veut faire de la recherche, qu'il en fasse vraiment.»