Celui qui a été décrit comme le «cerveau financier» du comité de relance de la raffinerie de Montréal-Est, Claude Delage, n'en démord pas: «On avait trouvé un acheteur compétent et motivé. Shell a scrappé une réelle option. Il était là, dans ses culottes, l'acheteur, et Shell l'a scrappé . C'est ça qui me choque.»

L'ingénieur financier de la firme IBS Capital réagissait à l'échec des négociations entre Shell et Delek, un acheteur que son comité avait trouvé après de longues recherches. Il assure aujourd'hui que Delek avait les reins assez solides et la motivation pour exploiter la raffinerie de Montréal-Est. «Ces gens sont partis de Nashville, au Tennessee, pour venir à Ottawa dire devant nos élus qu'ils étaient encore là, qu'ils voulaient encore acheter la raffinerie. Et malgré tout ça, on n'a pas d'entente.»

Sans se prononcer sur les intentions de Shell au départ, il estime que cette dernière offre a été cavalièrement écartée et qu'on a tout fait pour faire échouer la vente. «Faisons une analogie: vous avez un vieux bazou à vendre, vous voulez le vendre au meilleur prix possible. Allez-vous le laver, l'arranger pour qu'il soit présentable? Ou vous allez pelleter du fumier dedans, vous allez le cabosser? Shell a tellement toujours mis des bâtons dans les roues lors des discussions qu'on a le résultat qu'on a.»

Michael Fortier, qui a dirigé ce comité mis sur pied par Québec et dissous il y a cinq semaines, refuse de mettre en cause la bonne foi des responsables de Shell. «J'ai demandé à plusieurs reprises à différentes personnes de Shell si elles étaient sérieuses dans le processus de vente. Chacune de ces personnes m'a répondu par l'affirmative. Je n'étais pas accompagné d'un polygraphe, j'ai fait ça pro bono, pour la communauté, on a trouvé des acheteurs, les acheteurs se sont pointés.»

M. Fortier estime que le communiqué commun publié par Shell et Delek est un bon indice du déroulement des négociations. «Ça me dit que Delek et Shell ont tenté d'en venir à une entente et qu'elles reconnaissent maintenant que ce n'était pas possible. Dans le monde dans lequel je vis, ça m'indique que les deux étaient satisfaites et qu'il y a eu des négociations sérieuses. Ça ne veut pas dire, parce qu'il n'y a pas d'entente, qu'il y avait quelqu'un de mauvaise foi.»

Claude Delage n'y croit tout simplement pas: «Le communiqué de presse commun, ça me fait bien rire. Tu ne peux pas en vouloir à Delek de ne pas déchirer sa chemise. Demain matin, elle va encore faire de la business, elle ne veut pas brûler les ponts avec les gens. N'importe quel bon homme d'affaires aurait fait la même chose.»