La centrale thermique Gazmont, dans le quartier Saint-Michel, qui a gagné des prix environnementaux, est menacée de fermeture, selon une requête déposée à la Cour supérieure par la société en commandite Gazmont.

Le 15 juillet, Gazmont a obtenu un délai additionnel, jusqu'au 27 août, pour demeurer à l'abri de ses créanciers, dont Hydro-Québec.

Cette centrale privée brûle des biogaz provenant de la décomposition des déchets du dépotoir de l'ancienne carrière Miron et fournit le chauffage à la Tohu, la Cité des arts du cirque.

Si la centrale fermait, ces arrangements seraient compromis, au détriment de l'environnement et de la santé des habitants du quartier, plaide Gazmont dans sa requête.

«Si la centrale doit fermer faute de fonds, il sera tout de même nécessaire de diriger le biogaz vers les torchères afin de le brûler pour éviter qu'il ne s'échappe dans l'environnement», affirme Gazmont.

On sait depuis longtemps que la quantité de biogaz captée dans l'ancien dépotoir est inférieure aux attentes. Cela a fait en sorte que la centrale ne fournit pas à Hydro-Québec la quantité d'électricité convenue dans un contrat d'une durée de 25 ans.

La société d'État s'est donc prévalue de la clause du contrat qui lui permet d'imposer des pénalités à Gazmont, qui totalisaient environ 1,2 million en juin dernier, quand Gazmont s'est mise à l'abri de ses créanciers.

Depuis, Hydro-Québec a accentué la pression et retient les paiements pour l'électricité livrée par Gazmont, soit environ 300 000$ par mois.

Avant d'obtenir son nouveau délai, Gazmont avait des difficultés à maintenir ses activités. «Ces opérations ne pourront se continuer après le 31 juillet si Hydro-Québec maintient sa position déraisonnable», affirme l'entreprise.

Hydro-Québec rejette ces allégations et dit agir dans son droit. «Hydro respecte ses obligations contractuelles, et ses procureurs ont fait des représentations qui font que ces allégations ne sont fondées ni en fait ni en droit», a affirmé à La Presse Guy Litalien, porte-parole d'Hydro-Québec.

À la recherche d'une solution

Dans sa requête, Gazmont demandait un délai additionnel en vue de trouver une solution, y compris la vente ou l'implantation d'une «nouvelle technologie afin de maximiser la captation de biogaz», pour «permettre à la centrale de redevenir efficace et rentable».

Selon Jean-François Samray, de l'Association québécoise des producteurs d'énergie renouvelable, il ne faut pas craindre pour autant un recul de l'industrie des biogaz. «C'était un projet novateur au moment où il a été mis en place, dit-il. D'autres technologies ont été utilisées avec succès. Le délai supplémentaire pourrait permettre de trouver une solution.»

La centrale Gazmont a reçu le prix ÉcoGeste du gouvernement du Québec en 2002. Elle fait partie des éléments qui ont permis à la Ville de Montréal de remporter en 2004 la Palme d'or des Prix internationaux pour les communautés viables. Cependant, en raison de la faible quantité de biogaz qu'elle arrive à tirer de l'ancien dépotoir, Gazmont a fait ajouter des équipements pour pouvoir brûler du gaz naturel et du mazout.

En 2006, elle a poursuivi la Ville, à qui appartient le dépotoir, pour le manque de biogaz. En août 2009, la Ville a accordé un contrat de 1,9 million pour la réfection et l'amélioration du système de captage.

Gazmont est un partenariat entre deux firmes de génie, SNC-Lavalin et Biothermica. Aucune des deux firmes n'a commenté l'affaire jeudi. La Presse aussi a joint la Ville de Montréal et la Tohu, qui n'ont pas offert de réaction jeudi.