La guerre de mots entre le vérificateur général de Montréal et l'administration Tremblay se transportera ce matin devant le conseil municipal, convoqué pour l'occasion à une assemblée extraordinaire.

Le vérificateur général, Jacques Bergeron, devra s'expliquer sur la lettre qu'il a fait parvenir lundi soir à tous les élus, dans laquelle il contredit deux hauts fonctionnaires de la Ville sur les irrégularités entourant l'attribution d'un contrat de 100 millions à TELUS. L'administration Tremblay, elle, pourrait se voir placée devant de nouvelles contradictions dans ce dossier, selon ce qu'a appris La Presse.Dans cette missive, M. Bergeron rabroue Pierre Reid, contrôleur général, et Jean-Yves Hinse, directeur du capital humain. Dans des propos cités par La Presse la semaine dernière, les deux fonctionnaires avaient déclaré que le prédécesseur de M. Bergeron, Michel Doyon, avait été informé d'irrégularités dans le dossier TELUS et que «la documentation pertinente» lui avait été transmise.

Après vérification auprès du principal intéressé, M. Bergeron assure dans sa lettre qu'«aucune documentation pertinente n'a été transmise à l'époque par un représentant de la Ville». Cette sortie, a déclaré le maire Tremblay au conseil municipal, a de «graves incidences» et mine la crédibilité de la Ville. Depuis la publication du rapport du vérificateur, le maire soutient n'avoir rien appris de neuf puisque ce dossier avait déjà été confié à la Sûreté du Québec en juillet 2008 et qu'il y avait eu des arrestations et des sanctions dans ce dossier.

Contradictions à la Ville

La chronologie des faits semble toutefois contredire la version de Ville. Le contrat TELUS a été signé en janvier 2008, mais ne devait entrer en vigueur qu'à l'automne suivant. Selon la Ville, on aurait donc constaté les irrégularités dès le mois de juillet - soit plusieurs mois avant que TELUS ne prenne la relève de Bell -, mais le contrat n'a pas été annulé.

La Presse a également constaté que le rapport qu'a rendu le vérificateur général le mois dernier contenait déjà les réactions de la Ville aux allégations d'irrégularités. À la page 388, dans la section «Commentaires de la direction générale», on évoque des «délais extrêmement serrés» pour vérifier les allégations du vérificateur. Or, la Ville affirme aujourd'hui avoir été au courant depuis près de deux ans. On prétexte de plus un «nouveau cadre de gouvernance» et un groupe de travail mis sur pied à l'automne 2009 pour régler le problème. Nulle part il n'est fait mention de l'intervention des policiers dans ce dossier.

Outre M. Bergeron, le conseil municipal aura l'occasion ce matin d'entendre la version de M. Reid. Lundi soir, l'opposition a contesté cette convocation et a posé comme condition la présence de l'ex-vérificateur Michel Doyon. Mardi, la leader de Vision Montréal, Anie Samson, a également voulu s'assurer que M. Bergeron pourra produire devant le conseil son fameux avis juridique qui concluait que le directeur général Louis Roquet avait enfreint les règles en transmettant une section du rapport à la firme TELUS. Le maire Tremblay a assuré que la production de cet avis dépend entièrement du vérificateur, qui pourra également décider d'être accompagné de son prédécesseur.