Le vérificateur général de la Ville de Montréal, Jacques Bergeron, a contredit la version des faits du maire Tremblay hier dans le dossier TELUS.

M. Bergeron a affirmé que Gérald Tremblay avait confondu deux dossiers qui relevaient de la division du service informatique, celui sur le processus d'acquisition des services de télécommunications de TELUS et celui des fraudes au service informatique. Ce dernier dossier avait mené à l'arrestation de l'ex-fonctionnaire Gilles Parent.

 

«Ce que l'on dit, c'est que les informations dans le rapport du vérificateur général portaient sur le processus d'attribution des services de télécommunications et non sur les contrats à la direction des services informatiques de la Ville. Autrement dit, que dans les propos du maire, il semble y avoir une certaine confusion», a dit M. Bergeron hier soir à l'hôtel de ville, devant la commission des finances.

Rappel des faits

Dans son rapport annuel déposé le 18 mai, le vérificateur avait relevé des «indices d'irrégularités» dans le processus d'acquisition des contrats de téléphonie de la Ville de Montréal par TELUS. Des irrégularités si «graves» que le dossier avait été transmis à la Sûreté du Québec. L'enquête est en cours et aucune accusation n'a encore été portée.

«Ce que je peux dire, c'est que les irrégularités qui ont été transmises à la police résultent exclusivement des travaux que nous avons faits», a dit hier M. Bergeron.

À la suite du dépôt du rapport du vérificateur, le 18 mai, le maire de Montréal avait affirmé qu'il n'avait pas été surpris de ces révélations. «Le vérificateur n'invente absolument rien», a affirmé Gérald Tremblay le 20 mai dernier. «C'est moi qui ai demandé au service du capital humain d'appeler la Sûreté du Québec. La SQ a fait son enquête, elle a même déposé des accusations au criminel contre les personnes responsables, et en plus il y a eu des sanctions à l'interne.»

Le 3 juin dernier, le vérificateur avait déjà réagi aux propos du maire lors d'une présentation à huis clos devant les élus de la commission des finances visant à «rétablir les faits» à l'égard de certains propos véhiculés dans les médias. Hier soir, la séance était ouverte au public, c'est donc la première fois que M. Bergeron rectifiait le tir publiquement.

Lors de la séance, le vérificateur général a également confirmé qu'il avait demandé deux avis juridiques indépendants sur le fait que le directeur général de la Ville, Louis Roquet, a remis une copie de son rapport à TELUS avant qu'il ne soit remis aux élus. Il a refusé de divulguer le contenu de l'avis juridique, mais il a dit qu'il l'avait mené à écrire une lettre au conseil municipal. Dans cette lettre, il critiquait sévèrement le geste du directeur général. Le vérificateur divulguera le contenu de l'avis uniquement si le conseil municipal le lui demande lundi.

La majorité discrédite le vérificateur

À la fin de la séance, vers 22h, le directeur du capital humain, Jean-Yves Hinse, a réagi. Il a indiqué que le vérificateur précédent, Michel Doyon, a reçu la documentation pertinente de la Ville concernant TELUS. «Comment se fait-il que Jacques Bergeron n'ait pas pris connaissance du dossier de M. Doyon sur TELUS?» s'est-il questionné.

Quant à la chef de l'opposition, Louise Harel, elle était abasourdie de l'attitude des élus de la majorité à l'égard de M. Bergeron. Les élus d'Union Montréal «ont tout fait pour discréditer le vérificateur général, je n'ai jamais vu cela dans ma vie publique et j'ai été à Québec durant 28 ans, jamais on s'en est pris à l'institution du Vérificateur», a-t-elle dit.