Le maire Gérald Tremblay affirme qu'il n'a rien appris en lisant le rapport du vérificateur général sur le contrat de la firme TELUS, mais c'est loin d'être le cas, soutient Jacques Bergeron.

Dans une présentation à huis clos, hier après-midi, le vérificateur a contredit la version des faits du maire et celle de son directeur général, Louis Roquet.

Près de trois semaines après avoir levé le voile sur «de graves indices d'irrégularités» dans l'attribution du contrat de téléphonie à TELUS, Jacques Bergeron a tenu à «rétablir les faits» devant les élus de la commission des finances. Dans une présentation PowerPoint remise aux conseillers, que La Presse a obtenue, il réfute les explications du maire. Et il réitère ses critiques au directeur général, qui a donné un exemplaire confidentiel de son rapport à la firme.

Jacques Bergeron a alerté la police après avoir enquêté sur le contrat de TELUS. Après la publication de son rapport, le maire a affirmé que le dossier était sous «haute surveillance» depuis longtemps déjà. Depuis, en fait, qu'une enquête interne a mené à l'arrestation d'un ex-fonctionnaire, qui a été inculpé pour fraude.

Le fonctionnaire en question, Gilles Parent, faisait justement partie d'un groupe restreint qui a piloté la préparation de l'appel d'offres qu'a remporté TELUS.

«Le vérificateur n'invente absolument rien, a affirmé Gérald Tremblay le 20 mai. C'est moi qui ai demandé au service du capital humain d'appeler la Sûreté du Québec. La SQ a fait son enquête, elle a même déposé des accusations au criminel contre les personnes responsables, et en plus il y a eu des sanctions à l'interne.»

Or, rétorque Jacques Bergeron dans sa présentation, l'enquête interne sur la division des services informatiques n'a rien à voir avec les irrégularités qu'il a mises au jour dans son enquête.

«Les graves indices d'irrégularités mentionnés dans le rapport du vérificateur général portent sur le processus d'acquisition des services de télécommunications et non sur le dossier des malversations survenues dans les contrats en ressources d'appoint à la DSI», peut-on y lire.



Roquet contredit aussi


Le vérificateur général et les partis de l'opposition ont vivement critiqué le directeur général, Louis Roquet, pour avoir expédié un exemplaire confidentiel du rapport à TELUS. Le premier fonctionnaire a toujours affirmé avoir agi dans le meilleur intérêt de la Ville, puisque le rapport contenait des informations confidentielles et concurrentielles qui auraient pu nuire à TELUS.

Jacques Bergeron a contredit cette affirmation, hier, avançant que son rapport ne contenait rien de tel. «Et nous n'avons donc apporté aucune modification au rapport à cet égard», précise-t-il dans sa présentation.

M. Roquet a aussi affirmé que le document envoyé à TELUS est un «rapport sectoriel», type de document qui n'est jamais remis aux élus de toute manière. «Ce concept n'existe pas pour nous», affirme M. Bergeron.

Le vérificateur réfute aussi l'argument selon lequel son rapport a été transmis à TELUS parce que la Ville n'était pas en mesure de valider certaines affirmations mentionnées dans le rapport. En fait, indique M. Bergeron, «les ressources internes de la Ville auraient dû pouvoir répondre aux interrogations de la direction générale».

Vu l'heure tardive à laquelle La Presse a obtenu la présentation de M. Bergeron, qui a été faite à huis clos, il n'a pas été possible d'obtenir la réaction du cabinet du maire hier soir.

«Ce n'est pas un document dont nous connaissons le contenu», a indiqué le porte-parole du comité exécutif, Bernard Larin.