Le chef de la police de Montréal, Yvan Delorme, a déclaré à l'hôtel de ville, jeudi dernier, que la police avait un contrat avec l'agence de sécurité BCIA. Cette information est fausse, a souligné le vérificateur général de la Ville cinq jours plus tard.

La police n'a jamais eu de contrat avec BCIA. Quelqu'un a conclu une entente verbale avec l'agence. Des bons de commande ont été envoyés à BCIA. L'agence a reçu près de 1 million de dollars, l'année dernière, pour surveiller les locaux de la police.

M. Delorme devra retourner à l'hôtel de ville vendredi prochain pour s'expliquer. Le directeur général de la Ville, Louis Roquet, avait d'abord dit que les citoyens et les journalistes pourraient assister à son témoignage, comme jeudi dernier, mais Claude Trudel, membre du comité exécutif, a décidé que ce ne serait pas le cas. Cette nouvelle séance de la Commission de la sécurité publique se déroulera à huis clos.

«Je l'apprends par les journaux»

Lors de la séance de jeudi dernier, Réal Ménard, conseiller du parti de l'opposition Vision Montréal, a posé des questions à M. Delorme sur l'entente entre la police et BCIA, une agence qui est maintenant l'objet d'une enquête de la Sûreté du Québec. «C'est une panoplie d'événements qui fait en sorte qu'on en est rendu aujourd'hui à décider de garder ou non le contrat qu'on a actuellement avec la compagnie BCIA, a répondu M. Delorme. Le dossier suit son cours encore et change de jour en jour, je l'apprends par les journaux.»

M. Delorme s'est alors montré disposé à retourner devant la Commission de la sécurité publique pour «justifier l'ensemble de ce dossier, qui est très, très complexe». M. Ménard lui a demandé de revenir avec Luigi Coretti, le patron de BCIA. M. Coretti a invité M. Delorme au restaurant deux fois avant qu'il soit nommé chef de police, en 2005.

Comment expliquer que M. Delorme ait parlé d'un contrat avec BCIA alors qu'il n'y en a pas? Le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Ian Lafrenière, a dit hier qu'aucune entrevue ne serait accordée sur ce sujet. «M. Delorme ira donner sa réponse à la Commission de la sécurité publique la semaine prochaine», a-t-il dit.

L'opposition se dit surprise

«Je suis pour le moins étonné que le chef de police ait été aussi mal informé, a dit de son côté M. Ménard, hier. Je suis surpris qu'un dossier qui a duré quatre ans ait pu échapper à sa supervision (BCIA a hérité du contrat d'une autre agence en 2006 mais n'en a pas elle-même signé avec la Ville ou le SPVM).»

M. Ménard estime qu'il est «scandaleux» et «inacceptable» que la prochaine séance de la Commission de la sécurité publique se déroule à huis clos. «C'est de nature plutôt privée, a répliqué Claude Trudel, président de la Commission. On ne fait pas une enquête sur BCIA, mais on veut des explications du directeur du Service de police de Montréal.»

De son côté, le maire Gérald Tremblay a démenti la rumeur selon laquelle il pourrait y avoir un lien entre la controverse entourant BCIA et la décision de M. Delorme de quitter ses fonctions en septembre prochain, cinq mois après le début de son nouveau mandat. Le maire a cependant critiqué le processus qui a mené à l'entente avec BCIA.

«Nous n'avons pas été tenus informés, a-t-il dit. Le comité exécutif, le conseil municipal, le conseil d'agglomération n'ont pas été consultés.»

BCIA s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite le mois dernier. Le SPVM vient de rompre son entente avec cette agence. Il a confié la surveillance de ses locaux à une autre firme, Secur-Action, en attendant l'adjudication d'un contrat en bonne et due forme, par appel d'offres.

-Avec la collaboration de Martin Croteau