Deux ans et des millions de dollars plus tard, l'implantation d'un nouveau réseau téléphonique par la firme TELUS n'est à peu près pas commencée, révèle le vérificateur général Jacques Bergeron dans son rapport, rendu public au conseil municipal de lundi soir. Le dérapage est tel que la police a été saisie de l'affaire.

«Les résultats de notre vérification révèlent de graves indices d'irrégularités entourant le processus d'acquisition des services de télécommunications faisant l'objet de la présente vérification», écrit M. Bergeron dans le document, qu'il commentera ce matin.

Début 2008, la Ville a accordé deux contrats totalisant 82 millions à TELUS pour le déploiement d'un système de transmission des données et d'un réseau de téléphonie filaire. L'entreprise a ainsi ravi ce lucratif contrat à Bell.

Or, deux ans plus tard, TELUS commence à peine à implanter son réseau, constate Jacques Bergeron. La compagnie n'a pris en charge que 11% des lignes téléphoniques de la Ville, peut-on lire dans son rapport. Seulement 20% des prises réseau ont été prises en charge par la compagnie. Et «aucune migration» n'a encore débuté dans la téléphonie IP.

«Les plans de transition pour la prise en charge tant pour la téléphonie filaire que pour la transmission de données ne sont pas encore complétés, et ce, malgré que les contrats aient été octroyés depuis plus de deux ans», constate Jacques Bergeron.

L'attribution des contrats de téléphonie devait permettre des économies de 50 millions sur une période de 10 ans, selon le sommaire décisionnel remis aux élus à l'époque. Mais le vérificateur général constate au contraire que les coûts ont explosé.

«Nous avons constaté que les prévisions à ce jour du coût du projet portant sur la transmission des données et la téléphonie filaire font en sorte que l'enveloppe budgétaire initialement autorisée par les instances, comprenant les provisions pour la fourniture de biens et services additionnels, est à toute fin pratique épuisée», écrit-il

«Mal évalué, mal planifié, mal dirigé, une catastrophe, a asséné la chef de l'opposition, Louise Harel. Et il y a une enquête policière en cours.»

Lors du conseil, le responsable des finances au comité exécutif, Alan DeSousa, a souligné que c'est Bell qui avait le contrat de téléphonie avant TELUS, et que la transition entre les deux fournisseurs «a été faite».

«On voit que malgré des coûts de transition qui pourraient être élevés, les montants restent encore intéressants pour la Ville», a-t-il affirmé.

Le rapport de Jacques Bergeron était fort attendu à la réunion mensuelle du conseil. La semaine dernière, le vérificateur général s'en est pris au premier fonctionnaire de la Ville, Louis Roquet, l'accusant d'avoir coulé une copie confidentielle de son rapport à la firme TELUS, une entreprise qui fait justement l'objet d'une enquête.

D'entrée de jeu, Vision Montréal a tenté de faire devancer le dépôt du rapport afin que le document soit remis aux élus avant la période des questions du public. Appuyé par Projet Montréal, le parti de Louise Harel a présenté une motion pour qu'il soit déposé sur-le-champ.

Mais le parti du maire, Union Montréal, a utilisé sa majorité au conseil pour battre la motion. Le rapport a donc été déposé après 22h.