Renforcement de l'expertise interne, suivi plus serré des projets, resserrement du processus d'appels d'offres, la Ville de Montréal revoit de fond en comble la manière dont elle gère ses actifs et ses projets.

Le directeur général de la Ville, Louis Roquet, a présenté mardi au conseil municipal une série de mesures qu'il compte mettre en place pour assainir la gestion interne de l'appareil municipal. Des mesures qui permettront d'obtenir de meilleurs prix dans l'attribution de contrats municipaux, estime le maire Gérald Tremblay.«Ce qu'on propose là, ça commence à être ce qu'il y a de plus rigoureux sur le plan de l'approvisionnement, mais aussi de la gestion», a indiqué M. Roquet au terme de sa présentation.

Le premier fonctionnaire de la Ville veut embaucher une centaine de nouveaux employés afin de renforcer l'expertise interne de l'appareil municipal. Il propose aussi de nommer des «chefs de projet» chargés de superviser chaque projet de sa conception à sa réalisation finale.

Les appels d'offres seront fractionnés pour permettre à plus d'entreprises de présenter des soumissions. Des firmes indépendantes vont évaluer les projets afin de s'assurer que le prix obtenu par la Ville est le bon. On compte aussi exclure les consortiums rassemblant plusieurs sociétés afin de stimuler la concurrence.

«Je peux vous assurer d'une chose: pour avoir parlé à plusieurs personnes, il y en a qui veulent avoir des contrats, a affirmé le maire Gérald Tremblay. Maintenant, c'est nous qui allons décider du processus et des meilleures possibilités pour avoir le meilleur prix, le meilleur soumissionnaire.»

Le maire a rappelé que c'est lui qui avait demandé au directeur général de lui produire des recommandations à la suite des scandales qui ont ébranlé son administration dans les derniers mois, celui des compteurs d'eau et celui de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM).

Fin septembre, le vérificateur a relevé plusieurs irrégularités dans l'attribution du contrat des compteurs d'eau. Ce rapport a mené à la démission du directeur général Claude Léger. Dans un rapport remis au maire en octobre, celle qui l'a remplacé par intérim, Rachel Laperrière, a conclu que la Ville de Montréal avait perdu la maîtrise de ses propres projets.

«Un bilan accablant»

La chef de l'opposition, Louise Harel, est satisfaite des recommandations de Louis Roquet. Et elle blâme l'administration Tremblay d'avoir laissé l'appareil municipal se détériorer au point de nécessiter un tel électrochoc.

«Ça a été le bilan accablant de ce que fut l'administration précédente puisqu'on va être obligés d'embaucher 97 employés pour reconstruire l'expertise de la Ville, a-t-elle dénoncé. Ça va coûter 20 millions qui, auparavant, étaient laissés à l'entreprise privée.»

Le deuxième parti de l'opposition, Projet Montréal, s'inquiète au sujet d'un autre élément du rapport de Louis Roquet, qui suggère de transformer en société paramunicipale les Muséums nature de Montréal, organisme qui regroupe le Biodôme, l'Insectarium, le Planétarium et le Jardin botanique.

La conseillère Émilie Thuillier, de Projet Montréal, souligne que la Ville s'apprête à investir des sommes importantes dans les musées municipaux. Elle s'étonne que la Ville songe à les soustraire à l'examen des élus.