La réorganisation majeure des services de la Ville de Montréal, décidée cette semaine, fait suite aux recommandations du vérificateur général de la Ville, a déclaré hier le maire Gérald Tremblay. La chef de l'opposition, Louise Harel, a dit de son côté qu'il s'agit d'un «gros brassage de structures» qui ne règle en rien les problèmes d'éthique.

La Presse a indiqué, hier, que la plupart des services de la Ville sont abolis et centralisés sous la houlette de la directrice générale adjointe, Rachel Laperrière. Le Service des infrastructures, du transport et de l'environnement (SITE), qui avait piloté le contrat controversé des compteurs d'eau, disparaît. Son responsable, Gilles Robillard, partira à la retraite.

Le Service de mise en valeur du territoire et du patrimoine est lui aussi éliminé. Son responsable, Pierre Bernardin, remplacera Guy Hébert à la direction de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM). Par ailleurs, un nouveau service de l'eau est créé, sous la responsabilité directe du directeur général de la Ville, Louis Roquet.

«Cette réorganisation va assurer une meilleure coordination des services, a dit Gérald Tremblay hier. Elle va assurer une meilleure qualité de l'information et une meilleure reddition de comptes. Ces changements se font dans la continuité des recommandations du vérificateur général. Ils nous permettront d'économiser environ 500 000$ (par année).»

L'année dernière, le vérificateur général a publié des rapports dévastateurs sur la gestion de la SHDM (que dirigeait alors Martial Fillion, ancien chef de cabinet du maire) et sur le contrat des compteurs d'eau. Il a remis ses dossiers à la police. Le maire a reconnu hier que plusieurs gestionnaires ont été interrogés par des enquêteurs de la Sûreté du Québec. Plusieurs d'entre eux relèvent de l'escouade Marteau, qui enquête sur les allégations de corruption et de collusion dans le domaine de la construction.

«L'administration Tremblay fait une très grande centralisation, a commenté Louise Harel, chef de Vision Montréal. Il reste à savoir si cela va permettre à Montréal de sortir de l'immobilisme. C'est plus un changement de structures que de culture. Il ne règle pas le problème de fond, celui de l'éthique.

Le SITE montré du doigt

«L'actuel code d'éthique est très mou, a-t-elle ajouté. Il n'a pas de dents. Il ne permet pas d'appliquer des sanctions à l'égard des fournisseurs fautifs, ou à l'égard des hauts fonctionnaires qui se rendraient coupables de collusion. Aucune mesure n'interdit à un gestionnaire de la Ville d'aller travailler pour une firme avec laquelle la Ville transige.»

Plusieurs cas problématiques sont survenus. Quand il était directeur du SITE, Yves Provost était responsable du projet des compteurs d'eau. Il a ensuite été embauché par la firme BPR, qui a supervisé ce contrat. Après avoir démissionné de son poste de président du comité exécutif, Frank Zampino a été embauché comme vice-président par la firme Dessau, qui participait au contrat des compteurs d'eau. Un autre président du comité exécutif, Robert Abdallah, a atterri à la tête d'une entreprise de l'homme d'affaires Tony Accurso, partenaire de Dessau dans le contrat des compteurs d'eau.

Cette semaine, Ruefrontenac.com, site des journalistes en lock-out du Journal de Montréal, a révélé que Robert Marcil, qui a démissionné de son poste de directeur de la division des travaux publics, a été embauché par le groupe d'ingénieurs SM. Le groupe SM avait évalué les coûts de décontamination des terrains du Faubourg Contrecoeur, vendus par la SHDM au groupe Catania. M. Marcil a dû démissionner quand une enquête interne a révélé qu'il avait été invité à participer à un voyage en Italie par l'entrepreneur Joe Borsellino, de Construction Garnier, firme qui a des contrats avec la Ville.

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