Pour la première fois en douze ans, l'Agence métropolitaine de transport (AMT) va consulter ses «partenaires» municipaux sur l'orientation de ses projets et de ses priorités, dans le cadre de l'élaboration d'un plan stratégique de dix ans, où le public sera aussi invité à dire son mot.

En entrevue à La Presse, le président de cette agence gouvernementale, Joël Gauthier, a affirmé que l'exercice de consultation prévu pour la préparation de ce plan décennal sera d'une envergure inédite, et que la démarche proposée est «ambitieuse».

«Nous voulons que ce plan stratégique propose une vision métropolitaine des transports en commun, et on veut qu'il soit rassembleur, insiste M. Gauthier. C'est pour cela qu'on va consulter les 83 villes et les 14 organismes de transport en commun de la région métropolitaine.»

Dès l'été prochain, l'AMT souhaite pouvoir soumettre une liste préliminaire de projets ou d'actions jugés prioritaires, après la consultation de ces partenaires principaux. Des tables rondes, des ateliers et des formulaires, sur internet, seront alors ouverts au public, afin de générer la plus grande participation possible. Une consultation en bonne et due forme est aussi prévue l'hiver prochain à partir d'un plan stratégique préliminaire. L'adoption et le dépôt d'un plan final sont prévus au printemps 2011.

Le plan stratégique décennal de l'AMT s'ajoutera au Plan de transport de Montréal, aux plans similaires en cours de préparation à Longueuil et Laval, aux plans de développement des services dans les villes des couronnes de banlieue. Il devrait aussi précéder d'un an la sortie du Plan métropolitain pour une mobilité durable, projeté par le ministère des Transports du Québec, pour 2012.

Ce nouveau plan devra aussi s'arrimer à la politique québécoise sur les transports collectifs, au plan d'action gouvernemental sur les gaz à effet de serre et la lutte aux changements climatiques, et aux nouvelles règles d'aménagement du territoire, qui sont aussi en cours d'adoption, à Québec.

Ces multiples plans de transport et politiques gouvernementales prévoient déjà de nombreux grands projets de développement des transports en commun - bus, métro, tramways, trains de banlieue, etc. - dont le coût de réalisation global a été estimé à 20 milliards$, d'ici 2020.

À quelques rares exceptions près, aucun de ces projets n'est assuré d'un financement. En quoi le plan de l'AMT sera-t-il différent?

«Le plan de l'AMT, assure Joël Gauthier, présentera des cibles précises à atteindre en matière de hausse de l'achalandage, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de transfert modal, de qualité des services».

Le président de l'AMT assure qu'il ne s'agira pas d'objectifs vagues, pétris de bonnes intentions, mais de cibles claires et précises, faisant l'objet d'un suivi, et qui entraîneront des actions concrètes, lorsque les résultats ne seront pas au rendez-vous.

Ciel clair

Les cieux sont plus cléments au-dessus de la tête de l'AMT qu'il y a un an. L'an dernier, l'agence a traversé la pire série noire de pannes et de retards sur le réseau de trains de banlieue, depuis sa création, en 1996. Son projet de train de banlieue de 435 millions, le Train de l'Est, était accueilli tièdement par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), et son tracé était compromis par des difficultés de passage près d'une usine d'explosifs.

Depuis, le gouvernement a autorisé la réalisation du Train de l'Est. L'hiver a été clément dans la métropole, y compris pour les trains de banlieue de l'AMT. Les pannes n'ont pas été plus fréquentes qu'en temps normal. Depuis l'automne dernier, des rames de voitures flambant neuves, livrées par Bombardier, arrivent les unes après les autres pour remplacer les trains raboutés de l'Agence.

De plus, dans une entente qualifiée d'historique, Montréal et les villes des banlieues se sont entendues, après des années de discussions, sur un nouveau cadre de financement des réseaux de transports métropolitains (métro, trains de banlieue, etc.). Cette entente, souligne M. Gauthier, a confirmé les pouvoirs et le rôle de l'AMT, en matière de développement des réseaux métropolitains. L'Agence, indique-t-il, sera donc au coeur des études sur les trois projets de prolongements du métro, prévus à Montréal, Longueuil et Laval. Elle travaille déjà avec la Ville de Montréal sur un projet de corridor réservé aux autobus, sur le boulevard Pie-IX, dans l'est de la ville. L'AMT est aussi directement impliquée dans le projet d'implantation de trolleybus de la Ville et la Société de transport de Laval.

L'électrification des transports en commun (trains de banlieue, autobus et trolleys) sera aussi un des plus importants chantiers de la prochaine décennie, a rappelé M. Gauthier, en soulignant que son agence travaille déjà étroitement sur ce dossier avec Hydro-Québec.