Échaudé par les nombreux reportages sur la fin du stationnement gratuit dans son arrondissement, le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, change sa stratégie de communication. Il compte réduire ses interventions dans les médias afin de ne pas s'exposer aux «interprétations catastrophistes» des journalistes.

Le maire, élu en novembre sous la bannière du parti Projet Montréal, s'en est pris aux médias sur son blogue, samedi. Il a accusé les journalistes, «qui digèrent leurs carrés aux dattes sur les bords du reste du sapin», d'avoir fabriqué «des nouvelles malodorantes». Selon lui, ils cherchent à démontrer que «ça va être l'enfer» sur le Plateau avec l'élection «d'une gang de communistes écolos pas d'allure».

 

Le maire a publié un mea-culpa sur ce même blogue, hier, et il a retiré de son billet précédent les critiques envers les médias.

«Je le fais parce que je me suis laissé convaincre qu'on aurait assez de trouble à instaurer les réformes que nous voulons mettre en oeuvre pour qu'en plus la moitié de notre temps soit consacré à défendre le ton que j'utilise dans mes billets», a-t-il écrit.

En entrevue, le maire Ferrandez assure qu'il entretient de bonnes relations avec les journalistes, et qu'il continuera de le faire d'ici la fin de son mandat. Il souligne d'ailleurs le «ton badin» de son intervention en ligne.

«C'est le genre de farce que j'aurais faite à mon frère ou à mon oncle, a-t-il indiqué. Ce n'est pas le genre de farce que j'aurais faite à un ennemi.»

Reste qu'il digère mal d'avoir eu à gérer une crise médiatique, la seconde depuis son élection.

«On réalise que la capacité des médias de se discipliner ne serait-ce qu'un minimum n'existe pas, a-t-il dit. Et donc, il va falloir agir en conséquence.»

Tout a commencé jeudi soir lorsqu'un réseau télévisé a affirmé que toutes les places de stationnement seraient bientôt payantes pour ceux qui n'habitent pas le Plateau. L'arrondissement compte tarifer les 10 000 places de stationnement actuellement gratuites, selon le reportage. Et pour ce faire, il va élargir les zones de vignettes pour les résidants et les zones de parcomètres.

Le lendemain, le maire et ses conseillers ont été bombardés de courriels d'électeurs et de demandes d'entrevue.

La mesure, ont précisé les élus de Projet Montréal, n'en est encore qu'au stade de projet. Et elle fait partie d'un cocktail de moyens envisagés pour tirer plus de revenus des stationnements.

On songe notamment à instaurer une vignette spéciale pour les visiteurs qui restent garés dans les rues du Plateau pour une durée prolongée, notamment ceux qui y travaillent. On pourrait aussi mettre en vente des vignettes temporaires pour les résidants qui louent une voiture, ou encore déployer des parcomètres qui ne seront payants que pour les visiteurs.

Aucune de ces mesures n'a encore fait l'objet d'une décision finale, a martelé Luc Ferrandez.

Devant ce qu'il qualifie de «lacunes» de la part des médias, le maire va donc réduire ses interventions.

«On va procéder avec des moyens plus classiques: conférences de presse, émission d'argumentaires bien précis pour avoir une base de faits plus documentée», a-t-il dit.

C'est la deuxième fois depuis son élection que le maire Ferrandez se retrouve au coeur d'une tempête médiatique. La première tournait autour de sa nouvelle politique sur le déneigement. Projet Montréal a en effet décidé que les opérations de ramassage de la neige ne seront déclenchées que lorsque 15 cm se seront accumulés au sol. Et elles n'auront pas lieu les fins de semaine.