Les élus des trois partis à l'hôtel de ville ont croisé le fer autour de l'éthique, mardi, lors du dernier conseil municipal de l'année, qui s'est étiré jusque tard en après-midi. La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, a ouvert le bal en reprochant au maire de Montréal «d'abdiquer sa responsabilité» en ne nommant pas un commissaire à l'éthique comme il l'avait promis en campagne électorale.

Dans le débat musclé qui a suivi, le maire Gérald Tremblay a brandi une lettre du ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, en réponse à celle que lui-même lui avait envoyée le 10 décembre dernier.«Le ministre a convenu de la pertinence de nommer un commissaire à l'éthique, a dit le maire. Mais M. Lessard a expliqué que la formule restait à déterminer. Il veut une solution qui va assurer une certaine homogénéité. Et il assure qu'une motion pour renforcer les règles d'éthique et de déontologie sera déposée en chambre, au printemps 2010. Fort de cet appui, ma demande reste donc la même», a ajouté Gérald Tremblay.

Insatisfaite de l'explication, la chef Louise Harel a rappelé que le maire s'était engagé à nommer avant la fin du mois de décembre un commissaire qui aurait des pouvoirs d'enquête et de sanctions. Elle a ajouté que la nomination d'un commissaire nécessite une modification de la Charte de Montréal et qu'en ce sens, elle ne comprend pas l'inaction du maire.

Plutôt que d'annoncer la nomination d'un commissaire, l'équipe du maire Tremblay a proposé de mandater la commission de la présidence du conseil pour la mise en place d'un comité de sélection chargé de désigner le conseiller à l'éthique. Dans le même ordre d'idée, les élus ont pris connaissance d'un rapport d'experts sur le nouveau code de conduite des élus de Montréal, que le parti Vision Montréal juge trop clément.

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, a profité de l'occasion pour décocher une flèche à l'endroit de Louise Harel: «Au sein de Vision Montréal, a-t-il dit, il y a une tradition d'éthique. Un docteur de l'éthique, qui s'appelait Benoit Labonté, ancien chef du parti. «

L'éthique a même débordé la période des questions pour se retrouver au coeur d'une motion afin d'entériner la nomination des membres au comité de vérification de la Ville de Montréal. Le conseiller municipal du Plateau Alex Norris a fait sursauter le conseil en dénonçant la nomination de Sammy Forcillo, montré du doigt dans le scandale qui a mené à la démission de Benoit Labonté, à cette commission.

Louise Harel a pour sa part profité de son droit de parole pour signaler que son parti est le seul à avoir survécu à plusieurs défaites électorales. Elle a rendu hommage à son prédécesseur, Pierre Bourque, et a ajouté que l'équipe avait été renouvelée à 90% depuis son arrivée. Les élus se retrouveront en janvier 2010, où il sera question de l'adoption du prochain budget de la Ville de Montréal.