Après avoir exigé des changements afin de préserver les vues sur le mont Royal, le gouvernement du Québec a finalement donné son accord à la transformation de l'ancien collège des frères sulpiciens. La reconversion de l'ancien collège en un complexe résidentiel de luxe repose maintenant entre les mains de l'équipe du maire Tremblay, a confirmé Valérie Rodrigue, l'attachée de presse de la ministre Christine St-Pierre, à La Presse.

Selon nos informations, le dossier a été remis à la nouvelle chef du cabinet du maire, Diane Lemieux, qui a la tâche de l'acheminer aux membres du comité exécutif pour l'approbation finale. Il ne restera plus ensuite que le sceau officiel du ministère de la Culture et du Patrimoine pour les demandes de permis de construction.

 

Sans l'annoncer officiellement lors de la formation de son nouveau comité exécutif, le maire de Montréal a retiré la responsabilité de l'arrondissement historique et naturel du mont Royal des mains de Helen Fotopulos. Tout le dossier de mise en valeur et de protection de la montagne incombe maintenant à Alan DeSousa.

En plus d'être responsable de ce dossier, le maire de Saint-Laurent est vice-président du comité exécutif et responsable des finances, en plus du développement durable. Au comité exécutif, où on a indiqué cette semaine qu'Alan DeSousa jugeait qu'il était prématuré de commenter le projet, on a expliqué qu'au moins deux autres élus auront leur mot à dire dans le projet Marianopolis.

Il s'agit de Richard Bergeron, responsable de l'urbanisme, et de Helen Fotopulos, en tant que «responsable du patrimoine». Cette dernière pilotait le dossier depuis quatre ans et siégeait à la Table de concertation du mont Royal avec les propriétaires des grandes institutions et organismes de protection de la montagne.

Rappelons que dans son rapport sur la transformation du collège, déposé au mois d'août, l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) avait écorché les élus de l'administration Tremblay, en leur mentionnant que le site aurait dû conserver une mission institutionnelle. L'instance avait aussi recommandé aux élus de définir la notion de «capacité limite de construction», inscrite dans son Plan de protection et de mise en valeur de la montagne. Ni l'un ou l'autre des élus n'étaient disponibles pour approfondir la question avec La Presse, hier.

Une fois approuvé par les élus du comité exécutif, le projet Marianopolis, qui a suscité une levée de boucliers des organismes de défense de la montagne, est susceptible de faire l'objet d'une demande de participation référendaire, dans l'arrondissement de Ville-Marie. Avec la signature finale de la ministre Christine St-Pierre, ce sera la dernière étape avant le début des travaux prévus en quatre phases, en commençant par la restauration du séminaire.

Un sentier et une chapelle

Afin de satisfaire aux demandes du gouvernement, le promoteur Développement Cato a réduit les hauteurs et accepté de déplacer des bâtiments pour préserver des zones de conservation. Le nombre d'unités résidentielles passe de 325 à 300. Et la chapelle du séminaire sera restaurée pour servir de salle communautaire aux futurs propriétaires, qui devront être millionnaires pour se porter acquéreurs des unités d'habitation.

À la firme-conseil en aménagement Daniel Arbour et associés, Claude Marcotte, vice-président, affirme que le promoteur a fait les concessions maximales afin que le projet demeure rentable, et qu'il devienne «acceptable pour tous».

On ajoute que des servitudes de passage «à vie» permettront d'aménager un sentier d'un bout à l'autre du terrain, de l'avenue De Ramezay à l'avenue Cedar, en traversant l'ancien Sacré-Coeur, et deux autres lieux de recueillement. Les escaliers seront aussi restaurés. Selon la révision des plans, approuvée par Québec, l'entretien deviendra la responsabilité de la Ville de Montréal, qui devra en assumer les frais.

À l'endroit où il y a actuellement une piscine, il est par ailleurs toujours prévu de démolir le bâtiment, pour en construire un nouveau en forme de U. Sauf qu'au lieu de faire sept étages, il comptera six étages afin de préserver les vues sur l'ancien séminaire à partir de l'intersection Cedar-Côte-des-Neiges. Et la construction d'une villa sera sacrifiée du côté de l'avenue De Ramesay.

Informée hier de l'approbation du projet par La Presse, la directrice générale des Amis de la montagne, Sylvie Guilbault, était sans voix.

«On a interpellé deux fois la ministre pour la rencontrer et elle n'a jamais donné suite à nos demandes, s'est insurgée Mme Guilbault. Est-ce à dire que le comité exécutif de Montréal va donner son aval comme ça, sans avis public? Je comprends bien qu'il y ait un guichet unique, mais il me semble que l'administration municipale a le dernier mot.»

Le projet Marianopolis n'était pas à l'ordre du jour du comité exécutif hier. Ce qui signifie qu'il ne sera pas soumis aux élus du conseil municipal lundi prochain. Il risque d'être abordé à la dernière assemblée avant les Fêtes.