Le règne de Caroline St-Hilaire à la tête de Longueuil a connu un début houleux, hier soir, lorsque l'opposition a imposé son programme au cours de la première séance du conseil municipal. Forts de leur majorité, les élus du Parti municipal de Longueuil (PML) ont modifié l'ordre du jour, et fait nommer 13 des leurs au conseil d'administration de la Conférence régionale des élus.

Au terme de la séance, la mairesse a qualifié de «partisane et mesquine» l'attitude du parti de l'opposition. Et elle s'est dite inquiète pour le fonctionnement du conseil municipal pour les quatre prochaines années.

«Ils n'ont clairement pas compris le résultat des élections, a-t-elle dénoncé. Ils sont pressés de se nommer sur des commissions et nous allons revoir ce processus. C'est une façon de se mettre un peu d'argent dans les poches.»

L'entourage de Mme St-Hilaire et des représentants du PML avaient négocié dans les heures précédentes pour que la première séance du conseil municipal de la nouvelle mairesse se déroule dans l'harmonie. Mais à l'évidence, les pourparlers ont achoppé. Et comme Action Longueuil, le parti de Mme St-Hilaire, ne détient que 11 des 26 sièges du conseil, c'est l'opposition qui a imposé ses priorités.

En lever de rideau, l'élection du président du conseil, un vote qui requiert les deux tiers des appuis au conseil, a été reportée à une séance ultérieure faute d'une entente entre les partis. L'ancienne titulaire de ce poste, Marie-Lise Sauvé (PML), a pris les commandes de l'assemblée sur une base temporaire.

Puis, l'opposition a fait modifier l'ordre du jour pour débattre en priorité quatre dossiers qu'elle jugeait prioritaire. Elle a notamment battu une proposition de la mairesse qui aurait fait passer à 20 le nombre de conseils municipaux en 2010, une promesse électorale.

Mais surtout, le PML a amendé une motion visant à nommer 13 représentants à la Conférence régionale des élus (CRE), un organisme qui agit comme représentant du Grand Longueuil auprès du gouvernement du Québec. La mairesse proposait de nommer huit conseillers du PML et cinq de son parti, Action Longueuil. L'opposition a modifié la proposition de fond en comble, proposant plutôt... 13 élus du PML.

Le chef de l'opposition, Gilles Grégoire, a assuré qu'il ne souhaite pas travailler «contre Mme St-Hilaire», mais bien «pour les citoyens de Longueuil». Il a dit vouloir conserver la majorité des postes à la CRE, craignant l'élection d'un nouveau président ne venant pas de Longueuil.

«On est en poste depuis longtemps, on a fait du bon travail, nos dossiers ont avancé, a-t-il affimé. On veut détruire ça et donner la présidence?»

Pour Mme St-Hilaire, cette position risque de braquer les maires de Boucherville, Saint-Lambert, Saint-Bruno et Brossard, avec lesquels elle tente de rétablir les ponts. Le conseil d'agglomération de Longueuil est boudé par trois municipalités depuis des années.

«J'avais amorcé des discussions avec les maires des villes liées pour qu'on travaille en collaboration, a-t-elle affirmé. Et ce soir, ils continuent de travailler contre les villes liées. Ça m'inquiète parce que ça va être difficile de travailler dans l'harmonie à l'agglomération.»

Chahutés

Des citoyens ont chahuté les élus du PML, scandant «démocratie, démocratie, démocratie», mais les protestations n'ont pas duré. La présidente du conseil a menacé de suspendre la réunion si les citoyens ne retrouvaient pas leur calme.