Le changement d'attitude par rapport au déneigement (voir autre texte) n'est qu'un des aspects de la nouvelle philosophie mise de l'avant par Projet Montréal pour améliorer la qualité de vie et réduire les coûts: avec Luc Ferrandez à la mairie du Plateau-Mont-Royal, il y aura moins de contrats donnés au secteur privé, une plus grande contribution des citoyens, et la lutte contre la pauvreté sera prioritaire.

Le nouveau maire Ferrandez a vite compris que sa tâche ne sera pas aisée. Depuis le 2 novembre, il travaille sept jours sur sept afin de prendre connaissance des dossiers pour remettre le Plateau sur les rails d'une saine gestion. L'administration précédente, dirigée par l'ex-mairesse Helen Fotopulos et l'ex-directrice générale Johanne Falcon, a laissé en héritage une dette de 4 millions et des relations de travail souvent conflictuelles. Les sept élus de Projet Montréal veulent administrer l'arrondissement différemment, en dépensant moins pour éviter toute imposition d'une taxe locale, en privilégiant une réelle convivialité avec les salariés et en faisant participer autant les ressources internes que les citoyens.

 

«Notre matériel roulant a vieilli, dit M. Ferrandez. Les immeubles ont de grands besoins, tout comme les rues. Mais on présentera demain (ce soir) un budget équilibré et notre plateforme électorale sera appliquée. On veut qu'en quatre ans, le Plateau devienne la vitrine d'un quartier humaniste et écologiste. On va le faire avec de la broche et du tape, mais on va le faire!»

Selon lui, le plus grand problème dans le Plateau, «c'est la pauvreté et le logement social». «On doit se doter de quelques maisons de chambres et s'occuper des plus démunis», a-t-il dit. Le maire Ferrandez et ses collègues vont aussi créer une «équipe voirie» chargée de travaux faits auparavant par le secteur privé, par exemple la construction de dos d'âne et de saillies de trottoirs. Mais pas dans les prochains mois, car cela nécessite de l'équipement et une formation.

«Au début, on ne fera pas d'argent, mais ça va changer après quelques années. Faire un dos d'âne, ça coûte de 5000$ à 8000$. On veut que ça nous coûte 3000$ afin d'en faire davantage, pas pour faire de l'argent», a-t-il soutenu.

Projet Montréal poursuivra l'expérience de budget participatif lancée par l'équipe de Mme Fotopulos, mais ne mettra plus un sou dans cette activité. «Cela coûtait 330 000$ avant, a dit M. Ferrandez. Avec nous, ça coûtera zéro dollar. Les citoyens seront informés par l'internet. Pas besoin de publier des brochures en couleur pour ça.»

Projet Montréal changera aussi la gouvernance. Le maire va créer huit commissions qui travailleront avec la direction du Plateau. Elles seront formées de citoyens-experts, par exemple des avocats, des ingénieurs ou des architectes, prêts à donner de leur temps pour mieux gérer l'arrondissement et à moindre coût. Parmi les dossiers que traiteront ces commissions, il y aura notamment la pauvreté et le logement social, le bruit, le verdissement, l'aménagement du territoire, l'utilisation des espaces publics et la culture.

Le maire consacrera 80% de son temps à l'audit des services. Il veut tous les passer en revue afin de changer les façons de faire. Il précise que la nouvelle directrice générale, Isabelle Cadrin, a déjà fait «un très bon travail», en à peine quelques mois. «Elle a comprimé les dépenses; par exemple, elle a réussi à replacer des employés. Cela permet d'économiser un demi-million en salaires. Et puis, des parcs à 5 millions dans le Plateau, on n'en fera pas. On est capables de reverdir pour moins cher. Et il n'y aura plus de cabinet de la mairesse et moins d'attachés politiques, ce qui permettra d'économiser 150 000$», a conclu M. Ferrandez.