Après avoir prêté serment avec 100 autres élus montréalais au marché Bonsecours jeudi, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a dit vouloir «travailler différemment» durant son troisième mandat. Il est «ouvert» à des propositions des deux partis de l'opposition, Vision Montréal et Projet Montréal, mais n'a pas précisé de quelle façon se traduira son ouverture.

Le maire a dit qu'il avait «bien compris» que le vote des Montréalais, le 1er novembre, «était aussi un avertissement». Si 37,9% des électeurs ont voté pour lui, seulement 14,4% des électeurs inscrits lui ont accordé leurs suffrages. Il a, par conséquent, évoqué la perte de confiance des citoyens envers leurs élus : «Nous en sommes en partie responsables», a-t-il dit, réclamant d'ailleurs de nouveau au gouvernement de Jean Charest une commission d'enquête publique sur le financement des partis politiques et la collusion entre le milieu politique et le secteur privé.

De façon inattendue, Gérald Tremblay a tendu la main à l'opposition. «Au-delà des partis, chacun doit contribuer au meilleur de lui-même, au meilleur d'elle-même, à l'amélioration de la métropole, a-t-il dit. Je suis prêt à accueillir avec ouverture et respect les propositions des deux autres partis. Je veux que nous ayons une administration impeccable, exemplaire. Les Montréalais veulent qu'on cesse les débats stériles et qu'on fasse avancer les choses. Ils veulent qu'on améliore leurs services, leur assure un meilleur environnement et une meilleure qualité de vie.»

Le maire a ajouté qu'il va falloir «sans doute revoir le fonctionnement de certaines instances». Cette révision structurelle va-t-elle toucher le comité exécutif ? Il n'en a pas parlé et a refusé toute question des journalistes après son discours.

Comité exécutif

La formation du comité exécutif sera annoncée d'ici à mercredi. Le maire n'a pas évoqué la possibilité d'inclure des élus de l'opposition au sein du comité. Il avait fermé la porte à cette éventualité le lendemain de sa réélection. A-t-il changé d'avis ? L'ex-ministre péquiste Diane Lemieux, sa nouvelle chef de cabinet, a-t-elle plaidé une forme de cohabitation politique à la française ? En tout cas, les partis de l'opposition y sont favorables afin que les décisions majeures sur l'avenir de Montréal soient prises de façon consensuelle et non partisane.

«Il y a enfin une ouverture qui n'était pas là juste après l'élection, a réagi la chef de l'opposition officielle, Louise Harel. Demain matin (ce matin), j'ai un caucus et ensuite j'appellerai le maire. Cette ouverture à plus de collégialité et moins de partisanerie, c'est ce que je souhaite au sein de cette administration. On verra si on passe de la parole aux actes.»

De son côté, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a rappelé que dès le 1er novembre, il a offert la collaboration de son parti au maire. «Est-ce que c'est la réciproque que l'on vient d'entendre? Je le souhaite», a-t-il dit, ajoutant que s'il avait été élu, le comité exécutif aurait été composé d'élus des trois partis montréalais.

Des limites à l'ouverture?

Après le discours du maire, les élus étaient invités à un cocktail. La proposition d'ouverture du maire a été très discutée. Pour certains élus d'Union Montréal, l'ouverture n'ira pas jusqu'à intégrer l'opposition au comité exécutif. «Ce serait suicidaire pour notre parti», a dit l'un d'entre eux. Toutefois, un autre élu du même parti estime que Gérald Tremblay est conscient qu'il s'agit de son dernier mandat, qu'il voudra partir la tête haute et qu'il ne peut régner sans partage.

«On a des défis importants, quels que soient nos partis politiques, a dit le maire à la fin de son discours. Nous devons parler d'une seule voix, une voix qui va être convaincante, forte, unique et surtout une voix qui va être unie. Nous allons le faire avec confiance et collégialité, avec intégrité, rigueur et transparence, avec détermination et passion, car nous sommes fiers d'être au service de notre population, les Montréalaises et les Montréalais. Et ils veulent qu'on s'entende entre nous.»