Le responsable du développement durable à la Ville de Montréal, Alan de Souza, a réitéré, aujourd'hui, la volonté de l'administration Tremblay de mettre en place un «véritable réseau régional de voies réservées aux transports collectifs sur l'ensemble du réseau routier métropolitain», dans le cadre du projet de l'échangeur Turcot.

La Ville de Montréal a accueilli sans enthousiasme le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), qui recommande d'apporter plusieurs «modifications substantielles» au projet de reconstruction proposé par le ministère des Transports du Québec (MTQ). Plusieurs des recommandations les plus importantes formulées par la Ville de Montréal, en audiences publiques, sur la réduction de la circulation et les transports en commun, ont été ignorées par le BAPE.

La recommandation du BAPE de maintenir le niveau de circulation actuel dans l'échangeur, utilisé quotidiennement par près de 300 000 véhicules, ainnsi que la «timidité» des mesures proposées sur le plan des transports en commun, ont toutefois visiblement déçu l'administration Tremblay.

«Nous avons la conviction, a déclaré M. De Souza, que la mise en place d'un véritable réseau régional de voies réservées aux transports collectifs, sur l'ensemble du réseau métropolitain, permettrait d'alléger la circulation dans le complexe Turcot, sans compromettre la fluidité».

M. De Souza a révélé que le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, et la ministre des Transports du Québec, Mme Julie Boulet, ont discuté du dossier dès ce matin, et que les équipes de travail de la Ville et du MTQ doivent se renconter prochainement, pour reprendre le dialogue.

M. De Souza a rapporté que le ministère «aurait fait certaines avancées» sur des aspects importants de ce projet, «mais que la question des transports en commun reste entière».

Plus cher que 1,5 milliard $

Pendant ce temps, à Québec, la ministre des Transports, Julie Boulet, a indiqué que le projet de reconstruction de l'échangeur Turcot coûtera plus cher que les 1,5 milliards de dollars prévus au départ par le gouvernement.

Elle dit recevoir «positivement» le rapport très critique du BAPE, qui recommande des «modifications substantielles» au projet et remet en question tout le concept proposé par son ministère. «Notre objectif est de faire le plus possible pour répondre aux recommandations du BAPE», a-t-elle noté cet avant-midi.

La facture sera inévitablement revue à la hausse. «C'est certain que les ajouts et les bonifications qui seront apportés vont avoir une répercussion au niveau des coûts du projet», a reconnu Mme Boulet. «Depuis 2007, on l'a toujours dit, dès l'annonce, que c'est un projet en constante évolution.»

«Quand on sera en mesure de voir quels élément on ajoute, et que ce sera autorisé par ma collègue de l'Environnement, on se présentera devant les médias pour dire que, dans un premier temps, le projet devait coûter tant et que maintenant, avec les bonifications et les ajouts qui ont été suggérés par le BAPE et qui feront partie dorénavant du projet, le prix sera ajusté, ça c'est clair».

Les «bonifications» auront un coût, mais le projet sera en bout de ligne «mieux intégré au milieu urbain», dans un secteur «densément peuplé avec beaucoup de particularités». C'est «un projet pour les 10, 15, 50 années à venir», et il est important qu'il réponde aux «besoins» et aux «attentes», a-t-elle plaidé. Le gouvernement fixera un «juste prix», mais la ministre a refusé de dire la facture qui serait, à ses yeux, acceptable.

«Si on ajoute du transport collectif, il y a des coûts. Mais les transports collectifs font partie des recommandations du BAPE, et c'est une préoccupation pour nous également.»

Intégration urbaine

L'échangeur Turcot est le plus gros carrefour autoroutier de la province. Construit pour l'Expo 67 dans le sud-ouest de Montréal, l'échangeur relie entre elles les autoroutes Décarie (A-15), Ville-Marie (A-720) et l'A-20, et est utilisé à tous les jours par près de 300 000 automobiles et camions. Sa reconstruction va durer sept ans. Le coût du projet était jusqu'à présent estimé à 1,5 milliard $.

En audiences publiques, en mai et juin dernier, le concept proposé par le MTQ pour reconstruire l'échangeur Turcot a été rejeté par une large majorité des participants, incluant les villes et arrondissements de l'ile de Montréal, les autorités de santé publique et l'ensemble des citoyens et des organismes du sud-ouest de la métropole.

En conférence de presse, M. De Souza a rappelé les cinq revendications principales formulées par la Ville, lors des consultations du BAPE, au printemps dernier.

Montréal demandait que la reconstruction de l'échangeur soit réalisée en mode conventionnel plutôt qu'en partenariat public-privé. Le MTQ a annoncé cet été que le projet sera réalisé en mode conventionnel.

Sur le plan urbain, la Ville de Montréal a demandé que le projet soit mieux intégré aux quartiers qu'il traverse, et que les terrains qui entourent l'échangeuur soient reverdis. La Ville a aussi réclamé que le MTQ trouve le moyen de réaliser le projet sans procéder à la démolition de 170 logements, comme prévue au sud de l'autoroute Ville-Marie (A-720).

Dans son rapport, le BAPE estime «qu'il n'est pas possible de souscrire» à la démolition de logements pour la reconstruction d'infrastructures routières et présente plusieurs recommandations précises et utiles quant au reverdissement des terrains autour du nouvel échangeur, qui recoupent les demandes de la Ville.

M. De Souza s'est aussi dit «satisfait de constater que le BAPE a bn saisi l'importance de mieux favoriser l'intégration urbaine de ce projet, en demandant des modifications majeures sur es tronçons qui traversent des secteurs habités.»