Les grands projets de modernisation des trains de banlieue de la métropole vont coûter au moins deux fois plus cher que prévu, indiquent les projections les plus récentes de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), dont La Presse a obtenu le plan d'immobilisations préliminaire 2010-2012.

Selon le document, les coûts de tous les grands projets prévus sur le réseau ferroviaire des trains de banlieue, ainsi que les projets majeurs de développement du réseau et d'entretien du matériel roulant, subiront des hausses de 30%, dans les meilleurs cas ; la hausse est de plus de 400 % dans le cas du projet de gare intermodale Lucien-L'Allier, au centre-ville (voir autre texte).

Ces 10 projets majeurs de l'AMT, qui figuraient déjà au plan triennal 2009-2011, devaient coûter un peu plus de 440 millions, selon les prévisions publiées il y a un an. Dans le plan 2010-2012, les prévisions d'investissements pour les mêmes projets totalisent, aujourd'hui, 921 millions. C'est plus du double par rapport à l'an dernier, soit une augmentation de 108%.

Dans un échange de courriels avec La Presse, l'AMT a attribué une partie de ces augmentations à une nouvelle méthode de calcul des coûts imposée par Québec. Cette méthode oblige les organismes publics «à identifier les risques et à estimer les coûts et les échéanciers de la façon la plus complète et réaliste possible», afin de réduire les «imprévus» et les fortes augmentations de coûts pendant leur réalisation.

«Ainsi, note l'AMT, le calcul budgétaire inclut diverses catégories de coûts. comme les études et l'ingénierie détaillée (plans et devis), la surveillance des travaux, la gestion de projet, la construction, les contingences, l'inflation et les frais d'intérêts et d'émission d'obligations.»

Une «marge de risque» peut aussi être ajoutée à l'évaluation des coûts de certains autres projets, selon leur nature ou leur état d'avancement, précise aussi l'AMT. Quant aux projets qui subissent les plus fortes augmentations de coûts, ils ont fait l'objet d'une «redéfinition complète», dan le cas de la gare Lucien-L'Allier, de modifications majeures ou d'ajouts d'équipements qui en font grimper les prix.

De 123 à 355 millions

C'est notamment le cas du plus important (et du plus urgent) des 10 grands projets d'infrastructures et d'équipement ferroviaires, celui des centres d'entretien prévus à Lachine et à Pointe-Saint-Charles. La construction des ateliers est nécessaire à l'entretien des locomotives et des voitures flambant neuves commandées à Bombardier en 2007 et 2008 au coût d'environ 680 millions. La livraison des premières voitures est attendue au cours des prochaines semaines. Les locomotives arriveront à partir de la fin de 2010.

Au printemps 2008, le coût prévu pour la réalisation d'un centre d'entretien unique était estimé à 123 millions. Avant la fin de l'année, et au terme d'études qui ont démontré la nécessité de construire deux ateliers, le coût était déjà passé à plus de 200 millions.

Et en mai dernier, La Presse a révélé que la construction de deux centres d'entretien coûterait plutôt 355 millions presque trois fois la somme prévue au printemps 2008.

Selon l'AMT, plusieurs facteurs ont contribué à cette spectaculaire hausse, notamment l'acquisition de deux terrains au lien d'un seul, et la décision de l'AMT d'équiper les deux centres «d'ateliers complets, pour assurer l'homogénéité du niveau d'entretien et la fiabilité du service».

L'agence gouvernementale justifie aussi l'ampleur et la hausse des coûts par «une augmentation de 165% de la flotte à garer et à entretenir sur le réseau du CN, dont les 58 voitures de la ligne de Deux-Montagnes». Le doublement des coûts de démolition, de décontamination, de raccordement aux services publics et de construction des chemins d'accès, est lié à l'aménagement des deux centres au lieu d'un seul.