Cette année, la Commission scolaire des Samares a fait face à un vrai casse-tête financier dans l'octroi de ses contrats de déneigement, notamment à un jeune entrepreneur de Lavaltrie qui a déjà été associé aux Hells Angels. «L'augmentation moyenne des coûts est de 70%, alors qu'on s'attendait à 20%», a déclaré le secrétaire général, Claude Coderre.

Ainsi, cet hiver, il en coûtera environ 800 000$ pour déneiger les cours de récréation et les stationnements des 82 écoles et 8 autres bâtisses éparpillées sur près de 15 000 km2 de la grande région de Lanaudière. Au total, pour les années 2008 et 2009, les mêmes travaux de déneigement ont coûté 964 000$, en excluant les taxes.

 

Pour éviter le pire, a souligné M. Coderre, la Commission scolaire a signé des ententes d'un an avec les entrepreneurs, au lieu de deux, comme le voulaient les appels d'offres publics ouverts le 4 septembre. Elle a aussi renégocié à la baisse avec cinq ou six déneigeurs dont les soumissions ont été jugées nettement trop élevées, a-t-il ajouté sans détour.

À Lavaltrie, par exemple, où Marc Saulnier, qui a déjà eu des membres des Hells Angels comme associés, était le seul soumissionnaire, les autorités se sont entendues sur un contrat d'une année au montant de 62 000$, comprenant les taxes. À l'origine, Excavation Marc Saulnier exigeait 180 000$ pour deux ans. C'est plus du double de ce que l'entrepreneur précédent avait chargé les deux années passées!

À la fois «surpris» et «un peu préoccupés» qu'il n'y ait eu qu'un seul soumissionnaire - et que celui-ci ait demandé un prix si élevé -, les gestionnaires de la Commission scolaire des Samares, avant d'accorder le contrat à Marc Saulnier, ont passé des coups de fil à deux autres entrepreneurs ayant demandé les cahiers de charges, mais qui n'ont pas répondu à l'appel d'offres du 10 août.

«J'ignore les raisons qu'ils ont pu donner, ce n'est pas moi qui ai appelé. Tout ce que je sais, c'est qu'ils ont décidé de passer leur tour», a déclaré M. Coderre. L'un des entrepreneurs est de Lavaltrie et l'autre, de L'Assomption. Étant donné que la soumission de Marc Saulnier était parfaitement conforme, les dirigeants scolaires affirment n'avoir pu faire autrement que de lui octroyer le contrat. Il en est à son premier contrat d'importance dans le déneigement, alors que son prédécesseur - qui s'est retiré de la course - est considéré comme le plus important déneigeur de la région de Lavaltrie.

Joint par La Presse, Marc Saulnier s'est dit enchanté d'avoir décroché le contrat des écoles de Lavaltrie, même s'il a dû accepter une importante baisse de revenus. «À 55 000$, je ne suis pas sûr de faire de l'argent. Même si j'en perds, l'important c'est de faire travailler mes employés durant l'hiver. J'en suis à ma première expérience avec la Commission scolaire, et je me reprendrai l'an prochain», a-t-il dit, tout en écartant d'emblée les rumeurs voulant qu'il ait «tassé» de son chemin les autres soumissionnaires.

«J'ai constaté à l'ouverture des soumissions que j'étais le seul en lice à Lavaltrie, mais il y avait d'autres secteurs dans la même situation. Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé. Souvent, dans la région, ce sont des agriculteurs qui font le déneigement, et ils n'ont pas l'équipement pour faire le travail. Il y en a peut-être aussi qui ne sont pas capables de remplir toutes les exigences, comme la caution de 5 millions», a avancé le propriétaire d'Excavation Saulnier. «Pour le reste, ça se peut qu'il y ait des rumeurs, mais il ne faut pas se fier à ça. Encore moins quand il s'agit d'une lettre pas signée», a-t-il répondu, nullement contrarié d'apprendre qu'une lettre anonyme le dénonçant est parvenue à La Presse.

Comment justifier une soumission de plus de 180 000$ pour déneiger pendant deux hivers les terrains de cinq écoles primaires et d'une école secondaire? lui a-t-on demandé. «Avec les bons salaires que je paie à mes employés et la belle machinerie que j'utilise, j'étais sûr que c'était un prix correct», a-t-il expliqué, en jurant qu'il n'a plus rien à voir depuis déjà quelques années avec les Hells Angels Mario Brouillette et David Rouleau. Devenus riches grâce au narcotrafic, ils sont tous deux emprisonnés. Comme leurs «frères» motards, ils répondent à la litanie d'accusations de meurtres, trafic de drogue et gangstérisme portées à l'issue de l'opération SharQc, menée le printemps dernier, partout au Québec, à l'encontre des Hells Angels.