Les facteurs de Postes Canada vont distribuer au cours des prochains jours un million de tracts provenant des cols bleus de la ville de Montréal. Avec pour slogan «Nos vrais patrons, c'est vous», le puissant syndicat du local 301 dénonce une «ville désorganisée» et propose de regrouper plusieurs services, dont le déneigement, afin de remédier à la situation.

Outre le message sur les tracts de quatre pages, 2000 affiches géantes seront également placardées au centre-ville de Montréal, a appris La Presse. Les dépliants en couleur visent également à dénoncer la sous-traitance, notamment dans le contrat des compteurs d'eau, qui a été annulé à la suite des révélations fracassantes du vérificateur général de Montréal.

 

En plus de proposer une centralisation des opérations de déneigement, les cols bleus proposent qu'une équipe centrale s'occupe de la réfection de la chaussée et du colmatage des nids-de-poule. Selon eux, le marquage de la chaussée, les bris de conduite, de même que l'entretien du réseau, la détection des fuites et, enfin, l'installation des compteurs d'eau, devraient être confiés à une équipe «couvrant tout le territoire montréalais».

«Vous payez un prix de fou quand les arrondissements confient au privé certaines tâches, peut-on lire sur le tract. Un plombier ou un électricien du privé coûte entre 60$ et 70$ de l'heure. À Montréal, un col bleu plombier d'une usine de filtration gagne 24,55$ l'heure et un électricien de bâtiment 29,91$. Le fossé est tellement grand que la Ville a peine à attirer des ouvriers spécialisés.»

Par ailleurs, le syndicat des cols bleus ne manque pas de «remettre les pendules à l'heure», en expliquant que leurs hausses salariales exigées sont «tout à fait raisonnables, comme ce qui se négocie dans toutes les villes ou entreprises du Québec». Rappelons qu'à ce chapitre, la Ville de Montréal propose une hausse de 0% pour 2007 et de 2% pour les trois autres années. Les cols bleus réclament 2% pour les années 2007 et 2008, et 2,5% pour 2009 et 2010.

Joint par La Presse, le président du syndicat des cols bleus, Michel Parent, a confirmé qu'un million de tracts seront distribués à partir de ce matin, jusqu'à mercredi. Une première dans l'histoire du local 301 qui engendre une dépense de 200 000 $.

«C'est le fait que nous sommes sans contrat de travail depuis deux ans, explique M. Parent. Et que la Ville dit, de façon mensongère, que nos demandes se chiffrent à 100 millions. Ce qu'on veut, c'est que la population sache que nous travaillons pour eux. Les citoyens doivent faire pression pour obtenir de bons services. Les infrastructures ont été délaissées dans le passé par les administrations pour des motifs strictement électoraux.»

Les cols bleus prévoient par ailleurs toujours tenir une grève éclair le 7 octobre prochain, comme ils l'avaient déjà fait le 31 août dernier. Pendant ce temps, deux rencontres de conciliation ont eu lieu en présence des représentants de la direction de la Ville de Montréal. La prochaine rencontre doit avoir lieu le 6 octobre, veille du débrayage de quelques heures.