Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est jugé sévèrement dans le dossier de l'octroi du contrat des compteurs d'eau au consortium GÉNIeau. Selon un sondage Angus Reid Strategies-La Presse réalisé les 23 et 24 septembre, la moitié de la population ne le croit pas quand il dit avoir été mal informé par ses cadres sur ce dossier, et la même proportion d'électeurs le juge incapable de rétablir transparence et saine gestion dans l'administration municipale.

La candidate de Vision Montréal à la mairie, Louise Harel, profite bien peu de ce désavoeu. Son avance sur Gérald Tremblay a peu progressé par rapport au sondage Angus Reid Strategies-La Presse du 9 au 11 septembre : elle est créditée de 40% des suffrages alors que M. Tremblay obtient 35%. C'est le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, qui bénéficie le plus des effets du scandale GÉNIeau. M. Bergeron fait un bond de 6% dans ce sondage : 20% des électeurs l'appuient au lieu de 14%.

Le rapport du vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, sur le contrat des compteurs d'eau semble avoir marqué les esprits. D'autant que le maire a montré la porte au directeur général de la Ville, Claude Léger, et au numéro 2 de son administration, Robert Cassius de Linval. La perception qu'ont les électeurs du maire Tremblay change, révèle notre sondage.

>>> Consultez tous les résultats du sondage.

L'insatisfaction vis-à-vis de son administration a augmenté de 7% par rapport au sondage du 9 au 11 septembre. Les électeurs sont maintenant 65% à être «plutôt ou très insatisfaits» de l'administration au lieu de 58%. Les répondants «très ou plutôt satisfaits» sont passés de 37% à 31%.

Les «très satisfaits» de l'administration Tremblay ne représentent que 2% des sondés. Une chute vertigineuse quand on compare ce chiffre avec le sondage UniMarketing-La Presse de novembre 2007 qui attribuait au maire Tremblay un taux de satisfaction record : 63% étaient «très satisfaits» de lui.

La population ne croit pas le maire quand il dit avoir été mal informé des lacunes relevées par le vérificateur général : 51% des personnes interrogées ont répondu non à la question «le croyez-vous quand il affirme qu'il ne savait pas ce qui se passait ?» Seulement 28% des sondés croient le maire et 21% sont indécis.

Peu crédible

Par ailleurs, la moitié de la population (48%) ne croit pas que le maire soit capable d'instaurer une saine gestion dans la façon d'octroyer des contrats aux fournisseurs de la Ville ni de rétablir la transparence dans l'administration municipale. Seulement 20% des sondés l'en croient capable au lieu de 22% pour Richard Bergeron et 35% pour Louise Harel.

L'ex-ministre péquiste est d'ailleurs perçue comme la plus capable de combattre la corruption au sein de l'administration municipale. Elle obtient 30% d'appuis à ce titre au lieu de 19% pour Gérald Tremblay et 13% pour Richard Bergeron.

Qui est responsable des problèmes que la Ville a connus dans le dossier des compteurs d'eau ? Les sondés sont partagés : 33% disent que c'est le maire Tremblay et ses conseillers alors que 30% pensent que c'est Frank Zampino, l'ex-président du comité exécutif qui a quitté la Ville en 2008 avant d'être embauché par Dessau, membre du consortium GÉNIeau. Seulement 8% pensent que l'ex-directeur général Claude Léger est responsable des problèmes et 3% pensent que ce sont les firmes d'ingénieurs impliquées.

La question du sondage sur le degré de confiance des citoyens envers le maire est d'autant plus intéressante que 58% des personnes interrogées disent avoir voté pour Gérald Tremblay en 2005. Quand on leur demande de quelle manière a évolué leur degré de confiance vis-à-vis du maire depuis les trois derniers mois, une majorité d'entre eux (52%) répond que ce degré de confiance a «modérément ou beaucoup diminué». Il n'y a que 2% des sondés qui répondent que leur degré confiance a «beaucoup augmenté», 6% qui disent qu'il a «modérément augmenté» et 37% qui disent qu'il est resté le même.

Des aînés mécontents

C'est chez les personnes âgées que le degré de confiance envers le maire a le plus baissé : les plus de 55 ans répondent à 59% que leur degré de confiance a «modérément ou beaucoup diminué». Les personnes intéressées de «très près» au dossier des compteurs d'eau disent à 65% que leur degré de confiance a «modérément ou beaucoup diminué».

Le dommage créé par l'impact du dossier GÉNIeau peut-il nuire durablement au maire durant la campagne? Parmi les électeurs qui ont voté pour lui en 2005, 43% disent que leur confiance a diminué, dont 23% disent que cela a diminué beaucoup. «Ce sont des gens qui sont en train d'abandonner Gérald Tremblay soit pour Mme Harel, soit pour Richard Bergeron», explique Jaideep Mukerji, vice-président Affaires publiques d'Angus Reid Strategies.

Harel stable, Bergeron en hausse

Compte tenu du pourcentage d'erreur de 3,4%, Louise Harel était à égalité avec Gérald Tremblay lors du sondage du 9 au 11 septembre. Elle était créditée de 41% au lieu de 38% pour M. Tremblay. Il y a maintenant une différence de 5% entre les deux, soit 40% -35%. M. Bergeron obtient 20% et Louise O'Sullivan, 3%.

Mme Harel fait un score très faible chez les anglophones : après répartition des indécis, 6% l'appuient au lieu de 30% pour Richard Bergeron et 55% pour Gérald Tremblay. Mais 44% des anglophones interrogés sont encore indécis, alors que l'indécision n'est que de 27% chez les francophones qui, eux, soutiennent Louise Harel à 54% contre 27% pour Gérald Tremblay et 15% pour Richard Bergeron.

Le sondage révèle une hausse de popularité de Richard Bergeron, grâce à un appui plus net des non-francophones. Même s'il est moins connu des Montréalais, M. Bergeron voit ses appuis augmenter d'environ 6% dans toutes les catégories d'âge. Chez les francophones, son score passe de 13 à 15% d'appuis et double, de 15 à 30%, chez les anglophones.

«C'est Richard Bergeron qui a tiré le plus profit des développements récents, dit M. Mukerji. Des anglophones qui normalement auraient appuyé M. Tremblay ne peuvent plus voter pour lui à cause des compteurs d'eau mais ne peuvent pas supporter de voter pour Louise Harel donc, en ce moment, ils prennent refuge chez M. Bergeron.»

Le sondage indique que l'opinion des électeurs se précise. Si lors du sondage du 9 au 11 septembre, ils étaient 36% à ne pas savoir pour qui voter, ils ne sont plus que 32% à être indécis ; 61% des personnes interrogées suivent de très près ou d'assez près la campagne électorale. Le scrutin aura lieu le 1er novembre. Selon le sondage, 83% des personnes interrogées iront «certainement ou probablement voter», soit 2% de plus que pour le sondage précédent.