Le projet de transformation de l'ancien couvent Mont-Jésus-Marie en résidences de prestige, sur le mont Royal, bat de l'aile.

Alléguant que le gouvernement met du temps à approuver un changement de zonage et qu'il veut injecter l'argent dans son fonds de roulement, Catania a demandé à l'administration municipale de lui rendre sa garantie bancaire de 200 000$. Demande à laquelle les élus ont acquiescé, et qui sera soumise au conseil municipal de ce soir.

La Presse a appris que le ministère de la Culture a pourtant donné son accord au projet bien avant les vacances de la construction, dans une lettre adressée au dirigeant Paolo Catania dont La Presse a obtenu les grandes lignes. Ce dernier a répondu favorablement aux demandes, en matière de sauvegarde de l'enveloppe du bâtiment et des autres points, explique-t-on au Ministère.

 

«Ce n'est pas un site classé, même s'il est protégé par la loi. On a étudié le projet de Catania et on a accepté la transformation», a affirmé Annie LeGruiec, responsable des communications au ministère de la Culture. «Catania a accepté les modifications par écrit. La Ville de Montréal doit forcément être au courant. Pour nous, le dossier est réglé. La suite appartient au promoteur.»

»Panier de crabes»?

Selon nos informations, qui ont été démenties par le porte-parole de Catania, le groupe aurait des problèmes de liquidités et ne voudrait plus aller de l'avant avec la construction, projet jugé comme un véritable «panier de crabes» en raison du Plan de mise en valeur et de protection du mont Royal.

Le promoteur affirme pourtant qu'il est toujours prêt à aménager l'ancien couvent, situé au 1420, boulevard du Mont-Royal. Et qu'il attend un signal des deux ordres de gouvernement.

«Vous venez de m'apprendre que le gouvernement a donné son accord au projet, a insisté Pierre Guillot-Hurtubise, porte-parole du promoteur, que La Presse a interrogé plusieurs fois à ce sujet. Nous, on attend que la Ville de Montréal procède au changement de zonage. Dès que ce sera fait, on a l'intention d'aller de l'avant avec l'achat et le projet.»

À la Ville de Montréal, après une vérification et une contre-vérification, Céline Tupp, directrice du Service de mise en valeur et du patrimoine, a indiqué que son équipe «n'a absolument rien reçu» de la part du gouvernement ou du promoteur pour procéder au changement de zonage. À l'Université de Montréal, encore propriétaire du couvent, Sophie Langlois, porte-parole, a déclaré: «On attend des nouvelles de la Ville de Montréal. Je ne peux rien vous dire de nouveau à ce moment-ci.»

De son côté, le ministère de l'Éducation affirme qu'il n'a pas à «dicter quoi faire» à l'Université de Montréal, propriétaire du couvent. Donc, il n'entamera pas de démarches pour assurer une vocation institutionnelle à l'édifice, même si les responsables du dossier, dans l'équipe du maire de Montréal, lui ont demandé son avis.

«Notre participation au dossier se limite à le suivre, a affirmé Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de la ministre Michelle Courchesne. On n'a pas l'intention d'en faire davantage. Il faudrait plutôt regarder du côté du ministère de la Culture, étant donné que le couvent est situé dans l'arrondissement historique et naturel du mont Royal», a-t-on suggéré à La Presse.

L'ambitieux projet de Catania sur le mont Royal a passé par l'Office de consultation publique de Montréal, au mois de mars, puis a été approuvé par les élus municipaux juste avant la sortie d'un rapport accablant du vérificateur général de la Ville au sujet de la vente, par la SHDM, de l'un de ses terrains à Catania, le Faubourg Contrecoeur, dans l'Est de Montréal. Une enquête de la Sûreté du Québec est en cours. Depuis ce temps, le groupe immobilier Catania n'a toujours pas réglé un litige avec la Ville concernant la décontamination du terrain au coût de 7 millions, somme qu'il réclame à la SHDM.