Faisant fi des réserves de la Ville de Montréal, l'entreprise CityFlitz compte offrir dès demain ses autos publicitaires en location pour 1 $, qu'elles jugent tout à fait conforme à la réglementation municipale.

Le président de l'entreprise ontarienne, Paul Pelton, a fait parvenir un courriel à La Presse, hier, pour dissiper les doutes formulés par l'administration Tremblay. Il y précise que CityFlitz respecte entièrement les règlements de Montréal, sans en dire plus à ce propos.

La certitude de M. Pelton n'est toutefois pas partagée par le responsable de l'environnement à la Ville, Alan DeSousa, qui confirme nourrir certaines réserves quant au lancement de ce parc de véhicules nouveau genre. Il souhaite néanmoins attendre et examiner la réglementation existante avant de prendre une décision sur l'avenir de CityFlitz.

«Avant de nous prononcer, nous allons attendre de voir ce qui sera annoncé exactement, quel produit sera offert, qui seront les clients de l'entreprise et, surtout, à quel point ce service est nuisible pour l'environnement», a indiqué M. DeSousa en entrevue.

«Cela dit, si le seul but de l'entreprise est de promener des autos publicitaires dans les rues les plus congestionnées de la ville, nous n'allons ni encourager ni appuyer ce service», a-t-il ajouté.

Dès demain, CityFlitz compte offrir une douzaine d'autos entièrement drapées de publicité pour seulement 1 $ par jour. Les réserves de la Ville viennent du fait que les abonnés devront obligatoirement parcourir 30 km dans des zones désignées (qu'ils ne pourront quitter) pour pouvoir profiter du service. On craint que cela n'aggrave les problèmes de congestion déjà existants.

CityFlitz, au contraire, soutient offrir aux Montréalais un tout nouveau service d'autopartage qui contribuera à réduire les émissions de gaz à effet de serre plutôt qu'à les augmenter. On souligne qu'il s'agit de petites voitures peu polluantes et que le périmètre accessible est vaste, s'étirant de l'autoroute 640 à l'autoroute 30, et de Baie-d'Urfé à Repentigny.

La Ville pourrait-elle néanmoins décider d'interdire carrément ce service ? Cela reste à voir.

Il existe dans l'arrondissement de Ville-Marie un règlement qui interdit les camions et autos publicitaires. L'article 531 du règlement sur l'urbanisme stipule qu'»une enseigne publicitaire est interdite sur un véhicule, sauf sur un autobus où elle est autorisée sans limites».

Le hic, c'est que le règlement a beau être en vigueur, il n'est plus appliqué depuis 2006, en raison de certaines complexités juridiques, a précisé Jacques-Alain Lavallée, porte-parole de l'arrondissement.

Les tribunaux ont en effet laissé entendre, il y a trois ans, que cette disposition est inconstitutionnelle, parce qu'elle s'applique à certains véhicules, mais pas à d'autres (les autobus). Plutôt que de se battre à l'époque, la Ville de Montréal a simplement cessé d'appliquer le règlement, d'où le retour de ces camions dans les rues de la métropole depuis.

Il reste donc à voir si l'administration municipale voudra lancer un débat juridique sur un autre front, comme celui de la pollution visuelle par exemple, ou si elle décidera d'imiter la Ville de Québec, qui planche actuellement sur un règlement visant justement à interdire les véhicules publicitaires.

«Nous allons, en un premier temps, regarder comment se déploiera CityFlitz et, ensuite, si ce service est conforme à toute la réglementation», a précisé Alan DeSousa.