La querelle intestine qui mine la Carifête prendra le chemin des tribunaux, a appris La Presse. La Caribbean Cultural Festivities Association (CCFA) compte s'adresser à la cour pour empêcher son ex-directeur Henry Antoine de se mêler de la fête à l'avenir.

Des centaines de danseurs costumés et de musiciens ont défilé sur le boulevard René-Lévesque, cet après-midi, à l'occasion de la 35e présentation de la parade annuelle. Pendant que les curieux regardaient passer les chars allégoriques, la guerre intestine qui oppose la CCFA aux proches de son ancien dirigeant continuait de faire rage.

Depuis des mois, l'organisation du défilé caribéen est déchirée. D'un côté, la CCFA, un vieil organisme, regroupe de jeunes membres. De l'autre, on trouve des vétérans de la Carifête, qui ont créé la Montreal Carnival Development Foundation (MCDF).

La situation s'est envenimée au point où la Ville de Montréal a dû accorder un permis commun aux deux organismes. Ce n'est donc pas un cortège qui a défilé sur René-Lévesque, mais bien deux.

«MCDF a clamé qu'elle avait tous les groupes et tous les costumes, a dénoncé le dirigeant de la CCFA, Everiste Blaize. Il était très clair en voyant la parade qu'ils n'avaient ni les groupes, ni les costumes.»

M. Blaize compte maintenant prendre les grands moyens pour y mettre fin. «Le dossier se retrouvera en cour, a-t-il indiqué. Nous allons intenter une action légale.»

Joint en fin d'après-midi, Henry Antoine est resté évasif sur la dispute qui l'oppose à la CCFA. Mais il a convenu que la parade annuelle «aurait pu mieux se passer».

«Ensemble, nous pouvons faire mieux, s'est-il contenté d'affirmer, d'un ton découragé. Et divisés, nous tomberons.»

Le responsable des communautés culturelles au comité exécutif, Marcel Tremblay, estime que le défilé annuel s'est déroulé fort bien, malgré les difficultés au sein de l'organisation.

«Dans le passé, il y avait toujours un peu de zizanie entre ces deux groupes, a-t-il indiqué. Si un groupe faisait la parade, l'autre restait à la maison. En les mettant ensemble, ça a permis à tout le monde de participer.»

Mais du même souffle, il convient que la fête annuelle, l'une des plus anciennes à Montréal, n'atteindra pas son plein potentiel tant qu'elle ne sera pas organisée de manière plus professionnelle.

La parade de la Carifête, qui a souvent nécessité l'intervention des policiers dans le passé, s'est déroulée sans anicroche. Le Service de police de la Ville de Montréal ne rapporte aucun incident fâcheux.