Des résidants du quartier Saint-Henri, dans le sud-ouest de Montréal, ont demandé à la Cour supérieure, hier, d'ajourner de deux semaines les consultations sur le projet de reconstruction de l'échangeur Turcot, faute d'avoir obtenu l'information nécessaire pour rédiger un avis éclairé sur le sujet.

Dans une requête présentée hier à la Cour, les huit résidants de Saint-Henri qui habitent tous à proximité de l'échangeur actuel, et l'architecte Pierre Brisset qui les assiste bénévolement, ont demandé «d'ordonner le sursis des audiences publiques devant se tenir devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), à partir du 15 juin», et un report de la date limite de production de leur mémoire sur ce projet, jusqu'au 1er juillet.

L'audition de la requête a été reportée à lundi. La démarche n'a toutefois pas été vaine pour les neuf requérants, qui auraient obtenu l'assurance que leurs mémoires seront accueillis par le BAPE jusqu'au 22 juin, une semaine plus tard que prévu, a affirmé hier leur avocat, Me Philippe Larochelle, joint par La Presse en fin de journée.

Selon l'avocat, le ministère des Transports du Québec (MTQ) se serait aussi montré ouvert à produire rapidement certains des documents demandés par les requérants, qui se plaignent de n'avoir pas disposé des informations et des délais suffisants pour produire un avis éclairé sur un projet de cette magnitude, sans assistance de quelque expert que ce soit.

Quatre des huit résidants qui ont déposé cette requête vont perdre leurs logements si le projet de reconstruction de cet échangeur va de l'avant tel que le propose actuellement le MTQ. Les autres habitent le même secteur, où le MTQ prévoit la démolition d'environ 160 logements pour la construction d'une bretelle de l'échangeur qui alimente l'autoroute Ville-Marie.

Des démolitions inévitables

Au cours de la première ronde des audiences publiques du BAPE, au mois de mai dernier, les représentants du MTQ ont affirmé que la démolition d'une partie de la rue Cazelais actuelle et d'une ancienne usine de la rue Saint-Rémi, qui a été convertie en lofts, ne pouvait pas être évitée. L'architecte Pierre Brisset estime pour sa part que le MTQ pourrait éviter ces expropriations, et a demandé à consulter de nombreux documents du ministère, dont plusieurs n'ont pas été fournis.

Le BAPE a mandaté une commission pour examiner les impacts environnementaux du projet de reconstruction de l'échangeur Turcot qui relie entre elles les autoroutes A-15, A-20 et A-720, au sud-ouest de Montréal. Le chantier durera sept ans, et le coût estimé du projet est de 1,5 milliard de dollars.

Après une première ronde d'audiences, tenues en mai dernier, le BAPE complétera la portion publique de son mandat, à partir de lundi prochain, en recueillant les opinions et les recommandations du public jusqu'au 19 juin.

Pas moins de 90 organismes, groupes d'intérêts et simples citoyens ont demandé à être entendus par le BAPE sur le projet du MTQ. Le rapport de la commission sera déposé d'ici le 11 septembre au bureau de la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamp.