En ce beau vendredi de printemps, il y avait 80 jeunes des écoles secondaires de Montréal-Nord massés dans la salle de spectacle de la Maison culturelle et communautaire, à deux pas du parc où Fredy Villanueva a perdu la vie.

Et, en bas, sur la scène, des policiers du Service de police de la Ville de Montréal qui venaient «dialoguer» avec eux. Les échanges ont été vifs mais constructifs, estime le chef du SPVM, Yvan Delorme.«Les jeunes n'y ont pas été de main morte», résume Rose-Andrée Hubbard, la nouvelle agente sociocommunautaire haïtienne embauchée au poste de Montréal-Nord. Ils ont notamment pris conscience que leur poste de quartier comptait beaucoup plus de policiers noirs et latinos qu'ils ne le pensaient.

«Ça a été un bon coup. Une bonne façon d'approcher les jeunes. On est en train de passer par-dessus les événements d'août dernier», dit Jean-Marc Gibeau, conseiller municipal du secteur.

Profilage racial au menu

D'emblée, on est entré dans le vif du sujet: le profilage racial. «Certains jeunes se sont vidé le coeur», raconte M. Gibeau. Mais, avec la simulation d'un appel et une fausse «intervention», les jeunes ont vu, concrètement, que le travail de la police n'est pas si simple.

«On était là pour écouter les jeunes. Que pensez-vous de la police? Si vous étiez à notre place, de quelle façon interviendriez-vous? Ils ne se sont pas gênés pour nous dire ce qu'ils pensent», résume le chef du SPVM, Yvan Delorme, qui a assisté à une partie de la rencontre.

Il y aura d'autres exercices de rapprochement avec la police dans les prochains mois. Des intervenants communautaires seront notamment invités à participer à des patrouilles de police, des «cobras» comme on dit en langage policier. Éventuellement, on voudrait aussi faire participer des jeunes à ce type de patrouille.

Pas d'enquête publique, dit Delorme

Cette semaine, d'autres groupes ont annoncé qu'ils ne participeraient pas à l'enquête du coroner sur l'affaire Villanueva, qui commencera dans deux semaines. Le processus y perd-il de la crédibilité? «Ça ne perdra pas de sa crédibilité si le procureur et le juge font ce qu'ils ont à faire.» M. Delorme aurait pourtant aimé que ses policiers répondent aux questions des avocats de ces groupes. «C'est toujours bon d'aller au fond des choses. Des perceptions vont mettre de l'ombre sur l'enquête et je trouve ça malheureux», souligne le directeur du SPVM.

Les groupes récalcitrants réclament une commission d'enquête beaucoup plus large, qui dépasse l'événement d'août. Devrait-on modifier la formule? «Non. C'est l'événement qui est jugé. Est-ce que ça a été bien orchestré, cet événement?» répond M. Delorme.