L'Ordre des urbanistes du Québec (OUQ) est en train de vérifier les informations dévoilées par le rapport Deloitte sur le projet Faubourg Contrecoeur, notamment le fait que le Groupe Gauthier Biancamano Bolduc (GGBB) a, selon ce rapport, détruit des « documents pertinents ». Le syndic de l'Ordre décidera d'ici un mois s'il ouvre une enquête dans ce dossier.

Lorsqu'un appel d'offres a été lancé par la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) en 2006 pour réaliser le projet immobilier du Faubourg Contrecoeur, la firme GGBB (aujourd'hui dénommée Plania) avait été chargée de sélectionner les candidats. Dans son rapport sur le projet du Faubourg Contrecoeur récemment rendu public, la firme Deloitte a critiqué sévèrement GGBB: «manque de révision du plan d'affaires préparé par GGBB», erreurs et omissions dans le document, sous-estimation des flux monétaires du projet d'un montant d'environ 14,5 millions de dollars, manque d'analyse, et finalement «destruction par GGBB des propositions reçues en réponse à l'appel de qualification».

Une enquête policière menée par la division des crimes économiques de la Sûreté du Québec a été demandée. L'Ordre des urbanistes du Québec a aussi décidé d'y mettre son nez. En effet, le président directeur-général de GGBB, Daniel Gauthier, faisait partie du comité de sélection qui a choisi finalement Catania pour la réalisation du projet immobilier. C'est lui qui était responsable du dossier SHDM à GGBB et c'est notamment lui qui est visé par les vérifications de l'OUQ.

Le président de l'Ordre, Robert Chicoine, n'a eu d'autre choix, «par transparence», que de demander une vérification car il est lui-même vice-président principal...chez GGBB. «J'ai beau être un employé de GGBB, je suis président de l'Ordre et indépendant comme président de l'Ordre, a dit M. Chicoine à La Presse. J'ai moi-même demandé qu'on fasse cette pré-enquête parce que dans tout dossier qui pourrait être similaire, même si on n'a pas beaucoup de dossiers comparables, tout dossier qui pourrait être nuisible à la profession, on a quand même une mission importante à l'Ordre des urbanistes, c'est la protection du public. La pré-enquête permettra de savoir s'il y a matière pour déposer une plainte. Je l'aurais fait pour n'importe quelle compagnie.»

M. Chicoine a dit ne pas être impliqué dans ce dossier, n'ayant pas travaillé d'une manière ou d'une autre dans aucun dossier touchant à la SHDM.

Quelle que soit la décision du syndic de l'Ordre, M. Chicoine ne démissionnera pas de son poste de président de l'OUQ. «Le syndic est indépendant, dit-il. Peu importe ses conclusions ou s'il y a un blâme contre un membre en règle de l'Ordre des urbanistes, qui serait l'urbaniste impliqué. Ce sont les individus qui sont membres de l'Ordre, pas le bureau. Ça ne change absolument rien pour moi, Robert Chicoine, qui n'est pas impliqué dans ce dossier-là et qui joue son rôle de président de la même manière.»

M. Chicoine explique qu'un règlement de l'OUQ aborde la question de la destruction de documents par un membre. « Un règlement dit clairement qu'il y a certaines obligations d'un urbaniste en firme privée et qu'une d'entre elles est la conservation des documents, dit-il. Est-ce que c'est grave? Cela dépend toujours de la valeur des documents, de l'implication du dossier, ainsi de suite. Le syndic va examiner ça.»

Par voie de communiqué, GGBB a fait savoir jeudi après-midi que «la destruction de documents auxquels fait référence le rapport de Deloitte n'avait pas pour but de les soustraire à l'attention des autorités ou de toute autre personne ayant un intérêt à les consulter. GGBB s'est défait de ces documents en croyant en avoir conservé une copie pour elle-même, ce qui malheureusement s'est ensuite avéré inexact. Il s'agit d'une erreur humaine commise de bonne foi et qui n'avait aucune intention malicieuse».

M. Daniel Gauthier n'a pas rappelé La Presse.