Ils sont suspendus dans le vide huit heures par jour, soutenus par des cordes et supervisés en tout temps par des experts en escalade. Ils ont hérité d'un contrat des plus inusités: offrir une cure de rajeunissement à l'immense Biosphère de l'île Sainte-Hélène, qui fait 206 pieds de haut et 250 pieds de diamètre. Qui sont-ils? Des supers-peintres convertis en hommes araignées... et de grands amateurs de sensations fortes.

On les aperçoit à des kilomètres à la ronde. Pour la troisième année, six peintres et deux alpinistes grimpent deux mois par année dans la Biosphère. Leur mandat: donner un coup de pinceau, sabler et éliminer la rouille sur la charpente en treillis composée de tubes d'acier qui relient la sphère créée pour l'Expo 67.

«On a une vue écoeurante!» admet Steve Brault, 21 ans, un des peintres spécialisés employé par la compagnie Versailles.

Lui et ses confrères, tous de solides gaillards, doivent au préalable suivre une formation avant de pouvoir travailler en hauteur.

Des pré-requis? Ne pas avoir le vertige, réplique Steve Brault, autre peintre. «Disons qu'on n'est pas des peintres de maisons», ajoute son collègue Martin Aspirot.

L'équipe de la Biosphère est la même embauchée pour repeindre les cheminées des raffineries de l'est de la métropole.

Même si ce travail en altitude est risqué, aucun incident fâcheux n'a encore été déploré dans la Biosphère, où le contrat se termine l'an prochain. «Tous les hommes sont attachés avec des harnais pour prévenir les chutes. Les outils sont aussi attachés», assure Yvan Clavelier, de la compagnie Acro, un des deux experts en escalade qui accompagne en tout temps les peintres dans la Biosphère.

Lorsque les vents soufflent à plus de 40 kilomètres à l'heure, les peintres ne peuvent demeurer plus d'une heure en hauteur. Les jours de pluie, personne ne grimpe dans la structure.

Observer les peintres travailler constitue un spectacle de haute voltige. Étendus à 200 pieds sur les branches métalliques ou en train de se déplacer, le moindre mouvement des peintres donne le vertige.

Et pourtant, les principaux intéressés s'amusent ferme, un sourire fendu jusqu'aux oreilles.

Pour eux, c'est carrément un boulot de rêve. «C'est un méchant trip! Les premières semaines, je rêvais à ça à chaque nuit», explique Normand Boucher, autre grimpeur.

M. Boucher, comme ses collègues, déplore la disparition du Grand prix de Montréal et croisent les doigts pour son retour au calendrier.

De là-haut, ils auraient été aux premières loges.