Les efforts de la Société du parc Jean-Drapeau pour redresser ses finances pourraient nuire à certaines activités qui ont lieu sur ses terrains. Plusieurs organismes ont été frappés par des hausses de tarifs, cette année, si bien que certains craignent de devoir plier bagage.

«L'exploitation des installations est déficitaire depuis des années, explique la porte-parole de l'organisme paramunicipal, Nathalie Lessard. Il y a des activités qui nous rapportent des bénéfices, mais il y en a d'autres pour lesquelles on était déficitaires. On essaie de rééquilibrer tout ça.» Le Marathon Roller Montréal, qui aura lieu dimanche prochain, a eu droit à un cadeau inattendu pour son quatrième anniversaire. La Société a informé ses dirigeants qu'ils devront payer près de deux fois plus cher que l'année dernière pour utiliser le circuit Gilles-Villeneuve.

L'an dernier, les organisateurs ont payé 1000$ pour que les patineurs utilisent la piste de course. Cette année, la Société exige 1200$ pour que quatre employés assurent la sécurité sur le site, qu'un électricien active la borne électrique et qu'un superviseur s'assure de la bonne marche de l'activité. À cela s'ajoutent 500$ pour la location du circuit, taxes en sus.

Le Marathon Roller, qui a attiré près de 170 participants l'année dernière, peine déjà à faire ses frais. Son organisatrice, Nathalie Larouche, estime que la course pourra difficilement survivre s'il y a une nouvelle augmentation l'an prochain.

«S'ils nous demandent encore plein d'argent comme ça, ça devient difficile à rentabiliser, a-t-elle dit. On était subventionné par des compagnies qui, elles aussi, vivent la récession. On se demande si on va être capable de tenir le Marathon l'an prochain.»

Cette petite organisation n'est pas la seule à voir ses frais augmenter. Le 24h Roller, une course à relais qui s'étend sur deux jours, avait dû payer près de 7000$ pour louer le circuit en 2008. Cette fois, la facture franchira la barre des 10 000$. À cela s'ajoute une augmentation des tarifs de stationnement qui pourrait bien décourager des participants, constate le président de l'organisme, Simon Clément. Il refuse de jeter la pierre à la Société du parc Jean-Drapeau, mais il craint que la course annuelle, dont les profits seront versés à la Société canadienne de la sclérose en plaques, rapporte beaucoup moins que par le passé.

«Cette année, l'impact que ça va avoir, c'est qu'on va probablement remettre beaucoup moins d'argent, explique M. Clément. Au lieu de remettre 23 000$, on va probablement remettre seulement 8000$. Mais je ne pense pas que ça va avoir un impact au point de compromettre l'activité.»

Hausses nécessaires

Les hausses de tarifs sont douloureuses mais nécessaires, affirme la Société du parc Jean-Drapeau. Les employés municipaux doivent préparer le site avant les activités, le nettoyer après et l'entretenir le reste du temps. D'ailleurs, ajoute-t-elle, plusieurs organisations ont eu droit à des rabais importants dans le passé.

«Il y a beaucoup d'activités qui, dans leurs premières années, bénéficient de services gratuits, explique Nathalie Lessard. À partir du moment où l'on sait que l'organisation va bien, on commence à facturer certains frais qui ne l'étaient pas dans le passé. C'est tout à fait normal.»

«C'est une question d'équité par rapport à l'ensemble de notre clientèle», dit le président du conseil d'administration de la Société, Serge Rémillard.

Pertes importantes

La Société du parc Jean-Drapeau, financée aux deux tiers par la Ville de Montréal, prévoit augmenter ses revenus de 600 000$ cette année, une hausse de 13% par rapport à 2008. Les seuls revenus de stationnement augmenteront de 58%. Sa masse salariale gonflera de 860 000$, en partie à cause d'une entente ratifiée l'an dernier avec les cols bleus.

L'augmentation des revenus n'arrive pas trop tôt pour l'organisme paramunicipal, qui a reçu deux tuiles sur la tête dans les derniers mois. La perte du Grand Prix l'a privé de revenus nets de 150 000$. Et il a perdu 400 000$ dans l'organisation de la fête des Neiges, qui a été minée par la météo désastreuse de la fin du mois de janvier.

Des organismes qui louent le circuit Gilles-Villeneuve devront payer beaucoup plus cher cette année. La Société du parc Jean-Drapeau entend aussi augmenter ses revenus en haussant ses tarifs de stationnement.

Photo: Reuters