Frank Zampino reconnaît avoir commis une «erreur grave» en séjournant à bord du yacht de l'homme d'affaires Tony Accurso et s'en excuse. Mais il se défend avec véhémence d'être intervenu pour que le codirigeant du consortium GÉNIeau obtienne le lucratif contrat des compteurs d'eau.

L'ancien chef du comité exécutif et bras droit de Gérald Tremblay avait rejeté toutes les demandes d'entrevue depuis que La Presse a révélé qu'il avait séjourné sur le yacht de M. Accurso, en mars. Il a finalement donné sa version des faits hier, à l'émission Larocque-Lapierre, à TVA.«J'ai accepté l'invitation d'un ami de passer une vacance avec ma conjointe, de passer une vacance sur son bateau, a-t-il affirmé. C'est l'erreur que j'ai faite. Cette erreur a fait en sorte que j'ai créé une apparence de conflit d'intérêts.»

Mais il martèle qu'il n'a jamais manoeuvré pour favoriser l'entreprise de Tony Accurso, un ami qu'il côtoie depuis une vingtaine d'années.

«Ce n'est pas un contrat de mon ami, a-t-il affirmé. C'est un contrat d'un consortium qui a soumissionné en bonne et due forme. L'ensemble des processus ont été suivis par des fonctionnaires soumis au comité exécutif, et ensuite soumis au conseil municipal.»

Frank Zampino a voyagé à bord du luxueux yacht de M. Accurso en janvier 2007. Quelques mois plus tard, l'administration Tremblay a confié au consortium GÉNIeau un contrat de 355 millions pour l'installation de compteurs d'eau. C'est le plus important contrat jamais accordé par la Ville de Montréal.

L'une des composantes de GÉNIeau, Simard-Beaudry, appartient à Tony Accurso. L'autre composante, la firme Dessau, a embauché Frank Zampino quelques mois après qu'il eut quitté la vie politique.

Ce nouvel emploi constitue-t-il un retour d'ascenseur? Absolument pas, a-t-il répliqué. «Pensez-vous une seule minute que Dessau aurait mis dans les mains de quelqu'un sa direction financière - un fleuron du Québec, 600 millions de chiffre d'affaires - comme retour d'ascenseur? J'ose espérer qu'on m'a embauché pour mes compétences.»

L'ancien bras droit de Gérald Tremblay se dit satisfait de ce que le maire ait confié le dossier au vérificateur général. Il compte sur ses travaux pour rétablir sa réputation, lui qui dit «payer cher» les «insinuations» qui ont été faites à son sujet dans les dernières semaines.

«C'est dommageable pour moi, a-t-il dit. C'est dommageable pour ma vie personnelle, c'est dommageable pour ma vie professionnelle, et c'est surtout dommageable pour ma famille.»

Silence sur la SHDM

Frank Zampino n'a pas été questionné au sujet de la controverse qui entoure la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM). La privatisation de cet organisme paramunicipal a permis à son directeur de commettre plusieurs irrégularités dans la vente de terrains municipaux, selon un rapport de la firme Deloitte.

M. Zampino était responsable des sociétés paramunicipales lorsqu'il siégeait au comité exécutif.