L'Agence métropolitaine de transport de Montréal fera ce matin un premier pas vers l'électrification de l'ensemble du réseau de trains de banlieue de la métropole, qu'elle souhaite officiellement amorcer dans deux ans.

La Presse a appris que l'AMT annoncera aujourd'hui le lancement d'un appel d'offres en vue de la réalisation d'une étude de faisabilité sur la question. Cette dernière ne servira pas à examiner si un tel chantier doit voir le jour, mais plutôt comment il doit être mené.

«Nous voulons clairement électrifier l'ensemble du réseau, a commenté le président de l'Agence, Joël Gauthier. Il nous faut maintenant préciser comment nous allons le faire, quelle technologie utiliser et quel ordonnancement privilégier.»

L'objectif préliminaire de l'AMT est de démarrer l'électrification du réseau dès 2011, et de la poursuivre graduellement pendant 15 ans. L'étude permettra de définir un échéancier qui pourrait, par exemple, permettre l'électrification de 15 km de lignes chaque année, jusqu'en 2016.

L'appel d'offres que lancera l'AMT se fera en collaboration avec Hydro-Québec, qui acquittera une partie de la facture. Il s'agit de la seconde incursion d'Hydro dans le transport collectif, après celle visant à doter Laval d'un réseau de trolleybus.

À l'heure actuelle, une seule des cinq lignes du réseau de trains de banlieue est électrique (ligne Deux-Montagnes). Les quatre autres n'accueillent que des trains dotés de moteurs thermiques, ce qui se traduit annuellement par l'achat de 8 millions de litres de diesel par l'AMT et la production de grandes quantités de bruits et d'émissions polluantes.

On évalue que l'électrification de la totalité des lignes de train de banlieue permettrait une réduction annuelle de 20 000 tonnes de gaz à effet de serre, tout en réduisant considérablement le bruit émis par le passage des trains.

Autres avantages collatéraux : l'électrification du réseau urbain permettrait à l'AMT de vendre des crédits sur un éventuel marché continental du carbone ; elle permettrait aussi au Canadien National et au Canadian Pacific de réduire les émissions polluantes issues du transport de marchandises, à condition toutefois qu'ils se procurent des locomotives bimode (électrique et diesel).

C'est d'ailleurs ce qu'a fait l'Agence, l'an dernier, en faisant l'acquisition de 20 nouvelles locomotives de Bombardier pouvant fonctionner autant à l'électricité qu'au diesel, une décision prise dans l'optique de l'électrification éventuelle du réseau de trains de banlieue.

«Nous avons également une option sur 10 autres locomotives bimode, a précisé Joël Gauthier. Cela confirme notre grande volonté d'électrifier le réseau.»

La firme choisie par appel d'offres aura donc le mandat de proposer un échéancier, mais aussi d'effectuer l'analyse des solutions techniques à privilégier, d'évaluer les avantages-coûts pour l'Agence et le gouvernement ainsi que d'estimer les impacts économiques du projet.

Concrètement, l'électrification d'une ligne de trains de banlieue signifie l'implantation de transformateurs, la construction de sous-stations électriques et surtout l'installation d'une caténaire électrique (longue ligne de contact placée au-dessus des trains) sur toute sa longueur.

L'électrification se fera graduellement sur les lignes de Dorion-Rigaud, Blainville-Saint-Jérôme, Mont-Saint-Hilaire, Delson-Candiac et celle du futur train de l'Est (Repentigny-Mascouche). L'AMT ne sait pas encore par où elle commencera, autre donnée qui fera partie de l'étude de faisabilité.

On sait déjà, par contre, que les nouvelles locomotives bimode, qui doivent être mises en service en 2012, serviront d'abord à propulser le train de l'Est.