Fouillis dans l'administration de la SHDM, fouillis dans le projet Contrecoeur, règles assouplies par le gouvernement du Québec pour permettre à une entreprise dont un ministre est actionnaire de faire affaire avec le ministère dont il est titulaire, promiscuité critiquée pour deux administrateurs de fonds régionaux qui investissent dans des entreprises dont ils détiennent des actions, une enquête confiée à la police, des menaces de poursuites, annonce de la création d'un poste de commissaire à l'éthique. Ouf ! Depuis lundi, les questions d'éthique disputent la première place à la grippe porcine, pardon, au virus A (H1N1) dans les bulletins de nouvelles et à la une des médias écrits.

 Il y a eu tellement de cas qu'on pourrait en faire un gala. Tous les ingrédients sont donc réunis pour qualifier les derniers jours de grosse semaine pour l'éthique. Qu'en retenir? «Le secteur public se cherche des modèles de gouvernance, d'éthique. Il se cherche des modes de fonctionnement. Trop souvent, malheureusement, on emprunte ceux du secteur privé», dit Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques. Or, il faut éviter ce mélange des genres, croitil. «Dans le secteur privé, un réseautage, un voyage de pêche sur un bateau, c'est tout à fait normal. Mais il y a des pratiques dans le privé qu'on ne peut pas transposer dans le public», soutient M. Nadeau.

 

De plus, les valeurs ne sont pas nécessairement les mêmes d'une personne à l'autre. «C'est pour cela qu'il faut avoir des codes, des commissaires à l'éthique, estime-t-il. Parce que les points de référence sont flous, actuellement. On ne sait pas trop ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.» En ce sens, la décision du gouvernement Charest de créer un poste de commissaire à l'éthique est une bonne chose, croit-il. Titulaire de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable à l'UQAM, Claude Béland trouve quant à lui qu'il n'y a plus d'éthique commune. «Nous sommes tous pris avec des éthiques sectorielles. Chacun a sa petite éthique et s'en accommode, déplore-t-il. Je trouve que ce sont des éthiques molles.»Il donne le cas du ministre Pierre Arcand, pour qui le gouvernement a modifié les règles sur les conflits d'intérêts. «C'est bizarre: il y a 10 jours c'était mal et, aujourd'hui, c'est bien. De nos jours, on adapte l'éthique selon ce qui répond à nos intérêts personnels. Et ça, c'est le contraire d'une définition de l'éthique qui est censée vous guider dans la vie. Ce n'est pas à vous de guider l'éthique.»

M. Béland, qui connaît le maire de Montréal, Gérald Tremblay, depuis des décennies, a une bonne pensée pour lui. «Je suis sûr que le maire de Montréal est tout à fait intègre, qu'il n'a profité de rien, dit-il. Au point de tenir pour acquis que tout le monde est comme lui. Il s'est fait avoir. C'est lui qui en arrache avec ça. Parce que tout le monde dit qu'il est responsable et qu'il n'a pas été capable de surveiller ses soldats.»