Ligne éthique, commissaire à l'éthique, guide de conduite pour les élus municipaux : la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec organisent une attaque en règle pour prévenir les scandales et rétablir le lien de confiance avec les citoyens.

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a réitéré lundi sa volonté de créer un poste de commissaire à l'éthique, comme il s'était engagé à le faire pendant la campagne électorale de 2003. «Les discussions sur cette question-là se font avec les autres partis politiques représentés à l'Assemblée nationale depuis déjà un bon moment», a dit M. Charest, laissant entendre que le futur commissaire s'intéresserait également aux questions municipales.

Le premier ministre faisait ainsi écho à la demande du maire de Montréal, Gérald Tremblay, dont l'administration est dans l'embarras depuis le début du mois en raison de l'apparence de conflit d'intérêt qui entoure l'attribution du contrat des compteurs d'eau. L'ex-président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino, a reconnu avoir séjourné sur le bateau du promoteur Tony Accurso en janvier 2007, alors que la Ville s'apprêtait à octroyer le contrat de 355 millions au consortium GÉNIeau, dont fait partie l'entreprise Simard-Beaudry de M. Accurso.

La ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, a dit à La Presse qu'elle était favorable à l'idée d'étendre le mandat du commissaire à l'éthique à toutes les municipalités du Québec, et pas uniquement à Montréal. La ministre abordera la question avec les élus municipaux à l'occasion de la table Québec-municipalités, le 1er mai.

Ligne de prévention

Le maire Gérald Tremblay a annoncé au cours des derniers jours qu'il mettrait en place différentes mesures pour prévenir les scandales et les éventuels conflits d'intérêts.

Aujourd'hui, le conseil municipal tiendra une assemblée extraordinaire pour s'expliquer sur l'affaire des compteurs d'eau. Les fonctionnaires municipaux et les ingénieurs de la firme BPR seront présents pour répondre aux questions. Plus tard dans la journée, la mairie organisera une réunion d'information destinée aux médias.

Et demain, le comité exécutif adoptera un nouveau guide d'éthique pour les employés de la Ville, tel que proposé par le chef de l'opposition officielle, Benoît Labonté. Les fonctionnaires sont assujettis à un tel code depuis 2003, mais la version bonifiée sera également imposée aux élus, a précisé l'attaché de presse du maire, Martin Tremblay.

Tel qu'annoncé en décembre, Gérald Tremblay a réitéré que son administration souhaitait mettre sur pied une «ligne éthique» pour permettre de dénoncer des cas de fraude et de gaspillage à la Ville. Le comité exécutif transférera le dossier dès demain au Vérificateur général, qui lancera un appel d'offres «le plus rapidement possible» afin de trouver une firme indépendante pour gérer cette ligne téléphonique.

Les fonctionnaires et les parties intéressées, dont les sous-traitants, pourront appeler la ligne éthique pour dénoncer les irrégularités dont ils seraient témoins - cette ligne ne sera pas accessible au grand public. Le préposé devra ensuite relayer l'information au Vérificateur général de la Ville, qui «agira en conséquence». Les villes de Toronto, Ottawa, Edmonton et Calgary offrent déjà un tel service (voir autre texte).

Gérald Tremblay a vivement défendu son projet de ligne éthique, critiquée ces dernier jours par la direction du syndicat des cols bleus. Son président, Michel Parent, estime qu'il s'agit d'une réaction de panique de la part du maire Tremblay.

«Ce ne sera pas une ligne de dénonciation, a dit le maire, lors d'une conférence de presse à Montréal. Le maire a notamment fait valoir que l'idée émanait du rapport du Vérificateur général de 2008.

Puis, Gérald Tremblay a dit avoir trouvé les derniers temps difficiles. «Ce n'est pas facile, en politique, a-t-il concédé. Six pour cent de la population croit que les élus peuvent faire du bon travail. Six pour cent.»

«Qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer notre crédibilité et pour améliorer le lien de confiance que nous avons avec les citoyens de Montréal? Je pense que nous devons mettre les choses au clair le plus rapidement possible, et les mesures que nous mettons en place devraient, selon moi, aider.»

- Avec La Presse Canadienne