La Fraternité des policiers de Montréal souhaite que les blâmes de la CSST dans la foulée de l'intervention chaotique du 10 août dernier aient deux effets bien concrets: améliorer la chaîne de commandement et régler les problèmes d'équipement.

Trop souvent, dénonce le président de la Fraternité, Yves Francoeur, les policiers sur le terrain se sentent isolés et mal informés. «Ce que nos membres nous disent, c'est que ça prend une coordination. Il faut que les gens soient rassemblés en groupe, ça prend quelqu'un qui donne des ordres, qui donne l'ordre d'intervenir. On est là, sur le terrain, mais personne ne nous donne l'ordre d'intervenir. On attend trop longtemps, et les ordres ne viennent pas.»

 

Il reconnaît tout de même que les dirigeants du SPVM se trouvent devant un dilemme apparemment insoluble. «Si on intervient trop rapidement et de façon complètement équipée et qu'il ne se passe rien, on se fait dire qu'on est trop répressifs. Si on ne le fait pas et qu'on se fait déborder comme là, on se fait dire qu'on a dormi au gaz.»

Tout comme le Service de police de la Ville de Montréal, la Fraternité a reçu vendredi dernier le rapport de la CSST, dont La Presse a fait état hier, blâmant sévèrement l'intervention policière dans Montréal-Nord l'été dernier. M. Francoeur l'avoue, «en tant que policier, c'est une déception». Il accueille tout de même ce rapport avec «ouverture», soulignant que les conclusions rejoignent souvent celles des policiers.

Outre les failles au chapitre de la coordination, la Fraternité applaudit les conclusions de la CSST concernant le manque de ressources et d'équipements de protection. «Avec les coupes annoncées par le maire Tremblay, malheureusement, les citoyens vont payer pour.»

Au SPVM, on reconnaissait hier avoir mal évalué les risques de la manifestation du 10 août dernier. «Nous, on avait affaire à une manifestation pacifique où des femmes et des enfants seraient participants, explique Jean-Guy Gagnon, directeur adjoint. Ce qu'on avait comme information ne nous permettait pas de voir une émeute à l'horizon. On savait qu'il y avait une sensibilité dans la population, on savait que lors des interventions policières, il pouvait y avoir escalade, mais pas au point de provoquer la manifestation qu'on a eue.»

Le service de police a travaillé dur pour améliorer ce qu'il appelle la «fluidité de l'information», au sein du corps policier et avec la communauté. Pour le premier aspect, on a décentralisé certaines prises de décision lors d'événements inattendus: l'utilisation des gaz lacrymogènes et certaines techniques de contrôle de foule relèvent maintenant des commandants sur place.

Par ailleurs, après la mort d'un jeune de 18 ans, Fredy Villanueva, le 9 août, les policiers avaient tenté en vain de contacter un «leader» pour tâter le pouls de la communauté et éventuellement lancer un appel au calme, dit M. Gagnon.

Malheureusement, ce réseau-là n'existait pas. Depuis, on a multiplié les rencontres pour établir un bon réseau.