Au Québec, des élus municipaux ont célébré plus de 5000 mariages depuis que la loi sur les unions civiles a été modifiée pour le permettre, en 2002. À Montréal, la palme du plus grand nombre d'unions revient à Anie Samson, mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, qui a célébré jusqu'ici 95 mariages et qui en aura bientôt une centaine à son actif.

En entrevue avec La Presse, Mme Samson explique qu'elle a décidé de suivre sa formation de célébrant civil pour ajouter une touche «humaine» à son mandat de mairesse d'arrondissement. Hier après-midi, elle s'apprêtait d'ailleurs à célébrer deux mariages, dont un dans son bureau d'arrondissement. Elle s'est déjà rendue jusqu'à l'Île-Dorval, par bateau, pour officialiser l'amour d'un couple.

 

«Je me souviens aussi d'avoir dû me rendre à l'hôpital pour célébrer un mariage, raconte Mme Samson. La femme a juste eu le temps de sortir du coma pour unir son coeur à son amoureux. Elle est morte trois jours plus tard. J'avais même dû confirmer au directeur de l'état civil que l'union avait bel et bien eu lieu.»

La mairesse explique que son mandat auprès des citoyens se limite la plupart du temps à gérer des chicanes de clôture et des problèmes assez triviaux. Elle trouve donc valorisante l'idée de pouvoir célébrer des mariages, un «service de proximité» différent, dit-elle.

Les élus consacrent entre trois et quatre heures à chaque cérémonie, en comptant le temps de préparation et la signature des documents. Au tarif d'environ 250$ l'union, les élus interrogés sont tous d'avis qu'ils ne célèbrent pas des mariages pour arrondir leurs fins de mois.

Dans l'île de Montréal, 27 élus de 10 arrondissements (sur un total de 19) ont reçu la formation de célébrant. Après Mme Samson, c'est le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, et son directeur des affaires publiques qui ont célébré le plus d'unions, avec 30 mariages, dont huit entre conjoints de même sexe.

Benoit Labonté n'a pas jugé bon de parler de son expérience de célébrant. En revanche, Jacques-Alain Lavallée, porte-parole de l'arrondissement, indique qu'en raison des coûts de location élevés, les unions se déroulent maintenant dans la salle du conseil plutôt que dans la salle des Boiseries de l'UQAM. Les mariages ont par ailleurs lieu à dates fixes, selon un calendrier établi.

«La location de la salle coûtait 4317$ pour cinq mois, ajoute M. Lavallée. Donc, une somme de 650$ pour les mariés, avec les frais de cour. Le coût a baissé à 450$ en célébrant dans la salle du conseil, et les sommes reçues par les élus, environ 80$ la cérémonie, sont versées dans le budget d'arrondissement.»

Outre Benoît Labonté, trois élus de Ville-Marie célèbrent des mariages civils. La conseillère municipale Catherine Sévigny, nouvellement nommée responsable de la culture au comité exécutif de Gérald Tremblay, a même accepté d'unir les destinées d'un collègue fonctionnaire de l'hôtel de ville.

Dans Rosemont-La Petite-Patrie, où le maire André Lavallée et trois conseillers sont célébrants, on indique que seulement un mariage a été célébré jusqu'à maintenant. «Semble-t-il que les gens intéressés à se marier trouvent notre salle du conseil trop terne», précise la porte-parole, France Lebrun.

Ailleurs, dans Outremont, où tous les élus et deux fonctionnaires célèbrent des unions, on n'a pas rappelé La Presse. Dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, on a scellé 31 unions, dont deux au Château Dufresne. Le conseiller Richer Dompierre (11 mariages) n'a pas hésité à aller au restaurant St-Hubert pour officier, de même qu'à l'hôtel Auberge Universel.