Le Service de police de la Ville de Montréal n'exclut pas de procéder à des mises à pied, tant parmi les employés civils que parmi les policiers, pour parvenir à sabrer près de 14 millions de dollars de son budget, comme l'a exigé l'administration Tremblay, a appris La Presse d'une source interne bien au fait du dossier.

Ce scénario est le plus pessimiste envisagé par la direction du SPVM. Son conseil de direction s'est réuni cette semaine pour évaluer une quinzaine de plans. Le SPVM devait transmettre ses suggestions de coupes budgétaires à la Ville mercredi, mais il a obtenu un délai jusqu'à hier.

 

Dans une note interne transmise hier à ses quelque 7200 employés et à ses cadres, la direction du SPVM ne mentionne toutefois pas explicitement des suppressions de postes. La direction avertit qu'elle devra faire «des choix difficiles» et concevoir des «scénarios imaginatifs pour permettre de préserver les acquis du service».

Or, selon nos sources, les coupes de personnel sont bel et bien envisagées. «Un gel d'embauche est le scénario le plus facile à réaliser. Le non-renouvellement des contrats des policiers temporaires est aussi possible. En dernier lieu, si ce n'est pas suffisant, on devra mettre à pied des permanents. Ces derniers ne sont pas seulement des employés civils, mais aussi des policiers», nous a-t-on dit. Aucun chiffre n'est avancé pour l'instant. Il n'est pas question de supprimer une unité policière entière, mais plutôt de jumeler des unités, ce qui permettrait d'éliminer quelques postes.

La direction du SPVM conçoit mal comment elle pourrait procéder à des coupes budgétaires d'ici à l'automne. «L'été, nos services d'ordre sont très sollicités avec les nombreux festivals et activités extérieures qui ont lieu à Montréal», explique cette source. Le budget du SPVM atteint 587,84 millions en 2009. En pleine période de moyens de pression et sans convention collective, les policiers portent le pantalon de camouflage au travail depuis des mois afin de faire accélérer les négociations, désormais en arbitrage.

L'effort exigé des policiers est de 13,85 millions, tandis que les pompiers devront retrancher 7,6 millions de leur budget d'environ 303,6 millions, pour des coupes totales de 21,45 millions.

Deux fois, cette semaine, La Presse a tenté en vain de savoir auprès de Claude Dauphin, responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville, comment policiers et pompiers entendent sabrer les millions exigés. Les plans de compressions doivent être soumis à la garde rapprochée du maire Tremblay mercredi prochain, à l'occasion d'un vote à huis clos. Une fois approuvés, ils seront acheminés aux élus du conseil municipal pour approbation finale. Au total, 12 services de la Ville de Montréal sont appelés à diminuer leurs dépenses de 155 millions. Pour les arrondissements, cette somme équivaut à 20 millions, et à 40 millions pour la Société de transport de Montréal.

La porte-parole du Service sécurité incendie de Montréal (SIM), Josée Gosselin, a de son côté expliqué que le directeur adjoint, Jacques Proteau, ne «peut pas commenter le plan de compressions déposé mercredi dernier au service des finances de la Ville parce qu'il s'agit d'un dossier d'élus».

Quant à la direction du SPVM, elle a dit «qu'aucune information» ne pouvait être communiquée pour l'instant.