Le Tribunal d'arbitrage du Québec, la plus haute instance en matière de conflits de travail, a tranché. À défaut de combattre les incendies bardés d'une nouvelle convention collective, les pompiers de Montréal devront se rabattre sur les lignes de leur vieux contrat de travail, avec des salaires bonifiés par sentence, a appris La Presse.

Quant aux neuf autres points en litige, notamment l'implantation des premiers répondants sur le territoire de l'agglomération et les nouvelles embauches de pompiers, ils seront ajoutés à la convention plus tard, soit pour les années 2010-2011 et 2012. Dans un jugement rendu mercredi, le tribunal explique que compte tenu «du bon sens, et de la paix industrielle, la prochaine convention collective prendra donc effet le 1er janvier 2010 pour prendre fin le 31 décembre 2012.»

En clair, cela veut dire qu'au cours d'une prochaine séance d'arbitrage de trois jours, prévue à la fin du mois de mai, les deux parties devront expliquer à l'arbitre les augmentations de salaire qu'ils veulent consentir ou accepter pour les années 2007-2008 et 2009. Après délibérations, l'arbitre imposera des salaires à l'intérieur de l'actuelle convention, venue à échéance, mais toujours en application.

Depuis que la convention collective des pompiers de Montréal est expirée, en décembre 2006, des pourparlers interminables et le début d'un arbitrage marathon n'ont eu pour effet que de résoudre une seule des 10 pommes de discorde entre la Ville de Montréal et la Fraternité des pompiers, soit le dossier des premiers répondants. Mais aucun accord de principe n'a été signé à ce sujet.

Inlassablement, la question des augmentations de salaire revient sur le tapis sans mener à un consensus. D'un côté, la direction du capital humain se base sur son cadre financier et propose une augmentation de 0% en 2007, puis de 2% pour 2009 et 2010-2011, ce qui équivaut à 6,2 % sur quatre ans. En se comparant aux autres villes, dont Toronto, et compte tenu de l'ampleur des interventions à Montréal, les pompiers réclament plutôt une augmentation minimale de 10% sur quatre ans.

Joint en après-midi, hier, le président de la Fraternité des pompiers, Michel Crevier, a expliqué que son syndicat est en train d'analyser le jugement complexe, inspiré de deux autres causes du genre, dont une dans la ville de Windsor. Le leader syndical compte prendre quelques jours de réflexion avant d'en tirer des conclusions claires.

«Jusqu'à maintenant, ce que je peux vous dire, c'est qu'on n'est pas en désaccord avec la forme de statu quo proposée pour les années 2007-2008 et 2009. Le juge a parlé d'une paix industrielle. Ce que je peux vous dire à ce sujet, c'est que nous, on a toujours voulu régler avec l'employeur.»

À la Ville de Montréal, où les élus en ont plein les bras depuis mercredi avec l'analyse d'un plan de compressions austère de 155 millions, Claude Dauphin, responsable de la sécurité publique, n'a pas été en mesure de commenter. Jean-Yves Hinse, directeur des relations professionnelles, n'a pas pu être joint par ses adjoints.

Selon les informations obtenues par La Presse, le Tribunal d'arbitrage s'apprêterait par ailleurs à rendre un jugement semblable pour les policiers de Montréal, en moyens de pression depuis des mois. D'autres sources bien informées affirment que les trois parties se sont engagées à ne pas contester la décision de l'arbitre afin de faire avancer les pourparlers.

À Montréal, un pompier de plus de quatre ans d'expérience gagne un salaire de 61 000$ par année, sans compter les heures supplémentaires, très nombreuses. Un policier comptant six années d'expérience gagne pour sa part environ 67 000$. Pompiers et policiers n'ont pas le droit de recourir à la grève, et la Ville n'a pas le pouvoir de décréter un lock-out.