Le maire de Montréal veut régler pour de bon les déficits structurels de la Société de transport de Montréal. Il va réclamer entre 30 et 55 millions de plus par année à Québec afin de financer les transports en commun dans la métropole.

Dans un entretien accordé à La Presse, le maire Gérald Tremblay a réitéré sa foi dans l'amélioration des transports en commun ; il a promis qu'aucun service d'autobus ne sera retranché et qu'aucune augmentation des tarifs ne sera imposée durant l'année, malgré le déficit appréhendé de près de 40 millions de la STM.

«Je ne remettrai jamais en question l'importance des transports en commun», a assuré le maire, visiblement piqué au vif par les critiques qui ont fusé de toutes parts depuis l'annonce de compressions budgétaires de 40 millions à la STM, exigées par son administration pour équilibrer ses finances.

«Je veux que ce soit très clair, a dit le maire. Lundi, quand j'ai rencontré le président de la STM, Michel Labrecque, pour lui donner le mandat de combler ce déficit structurel, j'ai aussi exigé que les solutions proposées n'entraînent pas de réductions de services ni aucune hausse de tarifs en cours d'année.»

Le maire a longuement défendu le bilan de son administration en matière de promotion des transports en commun. Il a notamment rappelé que, à son arrivée à la mairie, en 2001, les contributions municipales au budget de la STM s'élevaient à seulement 237 millions. En 2009, elles totaliseront 332 millions et ce, malgré les compressions exigées de la STM.

«La Ville fait sa part. Les usagers font la leur, ajoute-t-il. Et à la STM, il y a certainement des efforts de rationalisation qu'on peut faire, ici et là. Ces efforts-là vont être faits, mais ils ne peuvent pas tout régler.»

Le morceau manquant dans le casse-tête budgétaire annuel de la STM, estime-t-il, devra venir de Québec. M. Tremblay a d'ailleurs assuré qu'il accompagnera le président de la STM et le responsable des dossiers de transports collectifs du comité exécutif de Montréal, André Lavallée, lorsqu'ils se rendront à Québec afin de plaider la cause de la STM devant la ministre des Transports, Julie Boulet.

De plus, le maire a affirmé que l'ensemble des villes de la métropole étaient sur le point de faire consensus sur une revendication commune pour assurer un meilleur financement de la STM, des grandes sociétés de Longueuil (RTL) et de Laval (STL) et d'une multitude de plus petites sociétés régionales et locales qui assurent des services d'autobus en banlieue.

En tant que président de la CMM, le maire Tremblay a ainsi bon espoir de pouvoir réclamer, au nom des 82 municipalités de la métropole, des engagements additionnels de 30 à 55 millions par année pour clore enfin le dossier du financement des transports en commun après plus de sept ans de discussions laborieuses.

En raison du poids important des déplacements quotidiens qu'elle assure dans l'ensemble de la métropole, la STM toucherait une part importante de cette somme, qui permettrait selon le maire de stabiliser la fréquence et la qualité des services offerts à Montréal et en banlieue.

En attendant de passer à la vitesse supérieure.

Métro, tramways, SLR

«Au cours des prochaines années, il y aura des investissements importants à faire pour continuer d'améliorer les services. Pour y arriver, il faut que la situation financière de la STM soit saine. Et pour cela, il faut régler une fois pour toutes la question de ce déficit structurel, pour fournir à la STM les moyens dont elle a besoin.»

Le manque à gagner de 38 millions au budget de la STM en 2009 est de nature «structurelle», explique le maire. Il revient et s'accroît d'année en année. Il provient en partie du sous-financement chronique des transports en commun par les gouvernements supérieurs. Mais il vient en partie, aussi, des failles et des distorsions de toutes sortes qui existent dans le système administratif et politique extrêmement complexe qui gouverne le financement des transports en commun, sur l'ensemble du territoire métropolitain.

Ce système dysfonctionnel est en voie d'être revu. Un comité se penche depuis deux ans sur les questions délicates du partage des responsabilités - et des coûts qu'elles entraînent - ainsi que sur la maîtrise d'oeuvre de grands projets pour les prochaines années. Le «rapport sur la gouvernance» est attendu en juin.

Dans l'intervalle, dit le maire, d'autres comités sont déjà à l'oeuvre et travaillent en collaboration avec le ministère des Transports afin de planifier le déploiement et le financement des grands projets.

«Le maire de Laval voudrait prolonger la ligne orange du métro à l'ouest, pour rejoindre Bois-Francs, dans un premier temps, avant de fermer la boucle et de relier le prolongement à la station actuelle de Montmorency. À Longueuil, on veut un train léger dans l'axe du pont Champlain et, à Montréal, nous avons mis les transports en commun au coeur de notre plan de transport», souligne-t-il.

Ces projets nécessiteront des investissements de plusieurs milliards qui devront provenir, en grande partie, des gouvernements de Québec et d'Ottawa.

«La ministre Boulet est ouverte au dialogue. Elle est prête à nous écouter, assure le maire Tremblay. Au cours des dernières années, nous sommes arrivés à faire avancer les dossiers de transports en commun quand nous avons réussi à nous entendre sur une vision commune. Quand on parle à Québec, il faut qu'on parle d'une seule voix.»