L'administration Tremblay aurait dû prévoir les contrecoups de la crise financière, qui forceront la Ville à réduire ses dépenses de 100 millions, dénonce le chef de l'opposition, Benoit Labonté. Il craint que les arrondissements montréalais, déjà pris à la gorge, ne fassent les frais de ces nouvelles compressions.

«C'est le signe d'une administration qui est constamment en mode réaction», a-t-il affirmé en marge d'un point de presse, hier matin.La Presse a révélé hier que la chute des revenus de la métropole entraînera de vastes compressions budgétaires. La Ville prévoit maintenir le gel des embauches déjà en vigueur et doit décider prochainement dans quels secteurs elle appliquera les nouvelles compressions.

Or, dit M. Labonté, dès l'automne dernier, lors du dépôt du budget, l'opposition a sommé l'administration Tremblay de prévoir les impacts de la tourmente économique. Le maire avait alors choisi de «garder ses lunettes roses» plutôt que d'adopter des mesures pour faire face à la crise, dénonce M. Labonté.

«C'était évident que la crise rattraperait Montréal, comme toutes les autres villes, a-t-il déploré. Maintenant, on est pris à réagir à une situation alors qu'on aurait pu planifier.»

Benoit Labonté fait valoir que l'arrondissement de Ville-Marie, dont il est le maire, a réussi à réduire ses dépenses de 5% en réorganisant son personnel. Il calcule que la même opération dans l'appareil de la Ville pourrait entraîner des économies de 200 millions par année.

Les arrondissements pénalisés?

Benoit Labonté craint par ailleurs que les arrondissements soient les premiers à souffrir des compressions à venir. «J'ose espérer que les arrondissements, qui peinent déjà à donner des services de qualité aux citoyens, ne feront pas les frais de ces coupes. C'est la qualité des services aux citoyens qui va être irrémédiablement atteinte.»

Dans Ville-Marie, plusieurs projets ont été mis en suspens en vue du conseil d'arrondissement qui doit avoir lieu cette semaine. M. Labonté dit agir par mesure de prudence: il ne veut pas compromettre son administration dans des projets coûteux avant que la ville ne fasse connaître la nature de ses compressions.

Après-crise

Benoit Labonté exhorte aussi le maire Gérald Tremblay de prévoir l'après-crise. Il lui demande de profiter de sa participation à l'Exposition universelle de Shanghai pour promouvoir la candidature de Montréal pour l'exposition de 2020, ce pour quoi lui-même milite depuis des mois. Selon lui, si Montréal se voit attribuer l'organisation de l'Exposition universelle, des centaines d'emplois seront créés dès 2011 car il faudra préparer la ville à recevoir des visiteurs du monde entier. «Quand la crise économique va s'achever, Montréal sera au bloc de départ pour la suite des choses et on prendra une avance sur les autres villes.»