La tension est forte chez les usagers des trains de banlieue de la ligne de Deux-Montagnes, incommodés par toutes sortes de problèmes qui perturbent le service depuis des mois. En pleine heure de pointe hier matin, une bagarre entre deux usagers à la station Roxboro-Pierrefonds a entraîné le retard du train bondé de 7h13 et de ses 1500 passagers.

Ce nouvel épisode s'est produit au lendemain du dépôt d'un recours collectif contre l'Agence métropolitaine de transport (AMT) par un homme de Pincourt, au nom des 45 000 usagers des lignes de trains de banlieue de Dorion-Rigaud et Deux-Montagnes.

 

L'auteur de ce recours, Yves Boyer, réclame des compensations pour les pannes, retards et autres irrégularités qui empoisonnent depuis des mois le bon fonctionnement du service.

C'est dans ce contexte qu'a éclaté hier une bousculade entre deux passagers d'un train, ce qui a provoqué momentanément l'interruption du service.

Présente lors de l'échauffourée, Catherine Bolduc estime qu'il s'agit là d'un symptôme des frustrations vécues par les usagers, forcés de s'entasser dans des wagons surpeuplés et en retard à répétition.

Selon elle, un des deux hommes impliqués dans la bagarre - dans la quarantaine - tentait en vain de grimper dans un wagon à la station Roxboro-Pierrefonds. «Il criait tassez-vous, tassez-vous, je veux entrer!» rapporte Mme Bolduc, qui emprunte le train chaque jour pour aller travailler au centre-ville.

L'homme, en colère, jouait du coude pour se frayer un chemin dans le wagon, jusqu'à ce qu'il tombe nez à nez avec un jeune passager dans la vingtaine. «Ce dernier lui a dit qu'il n'y avait plus de place et qu'il ne pouvait pas bousculer les gens ainsi. La bataille a alors éclaté entre les deux hommes, au milieu des usagers qui étaient déjà tassés les uns sur les autres», raconte Catherine Bolduc. «J'ai trouvé ça un peu traumatisant. J'ai tremblé durant une quinzaine de minutes», ajoute-t-elle.

L'homme le plus âgé a finalement été expulsé du wagon par des agents de l'AMT.

L'incident n'a toutefois pas nécessité l'intervention de la police.

De son côté, l'AMT souligne qu'il n'y a pas eu de violence physique entre les deux hommes, mais plutôt des échanges musclés. «Un usager a alors tiré la poignée d'urgence, ce qui a entraîné un retard de 17 minutes», souligne Martine Rouette, la porte-parole de l'Agence. Elle assure qu'il s'agit d'un cas isolé.

Mais il est clair que le mécontentement s'est emparé des usagers de la ligne Deux-Montagnes.

Ceux interrogés hier matin sur le quai de la station Roxboro-Pierrefonds en avaient gros sur le coeur et ne se faisaient pas prier pour exprimer leur ras-le-bol.

Nabil Bakidach, qui prend le train tous les jours depuis des années pour aller travailler au centre-ville, était hors de lui. «Je pourrais prendre congé et vous suivre toute la journée pour vous parler des problèmes de service», ironise ce fonctionnaire.

Il dit en avoir assez des retards et des mensonges de l'AMT. «On nous avait promis d'augmenter le nombre de navettes. Et pourquoi ne pas prévoir de trains en attente en cas de problèmes?» s'interroge M. Bakidach. «Il faut toujours hausser le ton pour se faire entendre. C'est un manque de respect et une insulte à l'intelligence des usagers», peste-t-il.

Pour calmer la grogne, l'AMT a annoncé mardi un plan de redressement de ses services, qui comprend notamment des rabais sur les titres mensuels des trois prochains mois. «Pour moi, c'est le service qui importe, pas l'argent», souligne pour sa part Aram Nischanian, un autre usager.

L'AMT, quant à elle, se réjouit de la réception de son plan de redressement par les usagers. «On a reçu plein de courriels de gens qui nous remercient», souligne Mme Rouette.

Vêtus de dossards fluorescents, quelques employés de l'AMT sont chargés depuis deux semaines d'informer les clients des retards et autres irrégularités sur la ligne.

Un rôle ingrat à en croire l'un d'eux, qui dit essuyer régulièrement les foudres des usagers.

Pour Nicole Sabourin, de Pierrefonds, le service est tout simplement cauchemardesque depuis le 12 janvier, jour de l'annonce des nouveaux horaires sur la ligne Deux-Montagnes. «On ne peut même pas grimper dans le train de sept heures tellement il déborde», explique cette habituée.

Incommodée par l'incident d'hier matin à la station Roxboro-Pierrefonds, Lise Lauzon a décidé de prendre sa voiture pour se rendre au travail au centre-ville. Selon cette usagère, la situation est intenable depuis septembre. «L'achalandage a augmenté, mais pas l'espace dans les trains. Les passagers sont de plus en plus agressifs, constate-t-elle. J'aimerais bien que le président de l'AMT embarque dans ses trains pour comprendre le mécontentement des usagers», résume Mme Lauzon.